Grâce de Boualem Sensal : pourquoi les Allemands accueillent-ils l'écrivain ?

Boualem Sensal est enfin libre. Gracié mercredi 12 novembre par Alger, l'écrivain franco-algérien, emprisonné depuis un an en Algérie, est arrivée dans la soirée à Berlin. Il reçoit, depuis son arrivée dans la capitale allemande, des soins médicaux. Mais une question se pose : pourquoi l'Allemagne accueille-t-elle l'ex-prisonnier ? 

Ce choix a étonné en France, mais aussi outre-Rhin. En effet, le gouvernement du chancelier Merz reconnaît n'avoir appris la nouvelle qu'au dernier moment. 

Seul le président fédéral allemand, Frank-Walter Steinmeier, était aux manettes dans ce dossier. Faut-il voir en lui un intermédiaire entre Paris et Alger ? Du côté de l'Élysée, on préfère parler d'un tiers de confiance pour les Français. 

Une chose est sûre, le président Frank-Walter Steinmeier a pris l'initiative de contacter son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour évoquer le sort de Boualem Sansal dès le mois de juillet. 

La préparation d'une visite officielle de Tebboune à Berlin

Il faut savoir que les deux hommes se connaissent bien. Abdelmadjid Tebboune a d'ailleurs été soigné en Allemagne à plusieurs reprises depuis 2020, notamment pour le Covid. 

Derrière l'initiative du président Frank-Walter Steinmeier se prépare surtout une visite officielle du président de la République algérienne à Berlin. Elle est prévue au début de l'année prochaine. Donc les contacts pour organiser ce déplacement étaient déjà nombreux.

Mais Abdelmadjid Tebboune pouvait-il venir en Allemagne avant une libération de Boualem Sansal ? L'écrivain est très populaire outre-Rhin, il y a reçu l'équivalent allemand du prix Goncourt. On peut donc supposer que son emprisonnement aurait entaché cette visite festive.

Des sorties trop musclées contre Alger de Bruno Retailleau ?

Si les relations diplomatiques sont actuellement très tendues entre Alger et Paris, est-ce le cas entre Berlin et Alger ?

Contrairement à la France, l'Allemagne ne s'est pas impliqué dans le statut du Sahara occidental et n'a pas non plus montré les muscles en interpellant des résidents algériens, comme l'a fait le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bruno Retailleau. 

Paris précise que tout était prêt pour la libération l'écrivain franco-algérien en avril dernier, mais l'arrestation d'un agent consulaire algérien - impliqué dans un kidnapping en France - a fait déraper le processus. 

Des tentatives de libération avec d'autres pays

Pendant des mois, le couple franco-allemand a travaillé à cette solution. Auparavant, la France avait tenté de passer par la Jordanie, l'Égypte, l'Italie, autre proche de l'Algérie, et par le pape aussi, mais sans aucun succès. 

Chose importante à souligner, lors de son arrivée à Berlin, mercredi soir, Boualem Sansal est arrivé sur une piste militaire, pas très loin de l'aéroport Willy Brandt de Berlin. Dans cet aéroport, il est inscrit en grand sur un mur cette phrase de l'ancien chancelier allemand : "Si on me demande ce qui est le plus important après la paix, je réponds que c'est la liberté".

La France attend désormais le retour de Christophe Gleizes. Condamné à sept ans de prison ferme en juin pour "apologie du terrorisme", le journaliste sportif français sera rejugé le 3 décembre prochain par le tribunal criminel d'appel de Tizi-Ouzou, en Algérie.

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