Édouard Planche et l'Unesco luttent contre les pillages archéologiques

Deux bas-reliefs en marbre remontant au XIVe-XVIe siècle ont été saisis à Roissy, en mars dernier. Le colis arrivé du Liban était destiné à l'Asie et était censé contenir des pierres d'ornement pour la décoration de jardin. En réalité, ces pièces historiques d'une grande valeur risquaient de disparaître entre les mains de réseaux de trafiquants qui s'approvisionnent en pièces pillées par l'État islamique, notamment en Syrie.

Cette saisie exceptionnelle des douanes françaises - qui n'a été annoncée que le 20 septembre -  réjouit donc Édouard Planche, chargé du programme de lutte contre le trafic illicite des biens culturels à l'Unesco. "Selon toute vraisemblance, elles viennent du Moyen-Orient, de Syrie ou d'Irak, ça a été examiné par des experts du Louvre et je crois qu'il y a tout lieu de penser que c'est le résultat d'un trafic illicite en provenance de cette région en guerre depuis plusieurs années", confirme-t-il. Les deux bas-reliefs, des "œuvres majeures" estimées à plus de 250.000 euros allaient sans doute être acheminés en Thaïlande "qui est une plaque tournante de trafic de biens culturels". Un trafic qui profite du désordre causé par l'État islamique pour s’enrichir.

Un préjudice équivalent à celui de la Deuxième Guerre mondiale

Pour Édouard Planche et l'Unesco, la lutte contre ces réseaux de trafiquants est particulièrement ardue. D'autant que Daesh se livre à un pillage archéologique à l'échelle industrielle : "On compare les destructions de patrimoine et les pillages de sites archéologiques équivalents à ceux de la Deuxième Guerre mondiale". Pour l'Unesco et ses alliés, le seul moyen d'endiguer le phénomène est de contrôler les frontières des pays frontaliers de la zone occupée par l'État islamique, mais beaucoup d’œuvres passent entre les mailles du filet. "Le nombre d'objets volés est tel que malheureusement c'est vraiment en très petites quantités que nous arrivons à les saisir pour le moment", regrette Édouard Planche.