L'événement est passé inaperçu la semaine dernière en Allemagne. Pourtant, il n'est pas des moindres. Jens Weidman, représentant allemand au conseil de la Banque Centrale Européenne (BDE) a démissionné. Il était ce qu’on appelle un "faucon". Partisan de la rigueur budgétaire, opposé à la prolongation des grands programmes de soutien monétaire que la Banque Centrale Européenne apporte aux pays du sud. Ce sont des milliers de milliards d’euros prêtés à l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal et la Grèce. Ceux que les Allemands appelaient naguère, de façon méprisante, le "Club Med".
Weidman a quitté son poste en partie parce que la ligne qu’il défend a été défaite par l’autre camp au sein de la BCE, celui des "colombes", laxistes, qui ont désormais la main. Après le soutien pendant la crise Covid-19, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, envisage désormais de financer la transition énergétique. Pour un Allemand, c’est hérétique.
On peut quand même se
demander si l'Allemagne est est aussi rigoureuse qu'avant. D’autant que déjà l’année dernière, Angela Merkel, la
chancelière de droite, sur le départ, avait finalement accepté le grand plan de
relance européen, que l’Allemagne finance, ou garantit au plan budgétaire, en
large partie. Ça aussi, c’était hérétique. Cela ne se serait jamais vu du temps du Deutsche Mark, la monnaie nationale outre-Rhin.
Là aussi il y a du changement. Cette future coalition dirigée par les sociaux-démocrates, le centre
gauche, vient de publier un texte où elle précise ses intentions. Le texte fait
l’apologie de l’investissement public massif, dans le numérique et l’énergie
renouvelable. C’est une révolution idéologique en Allemagne. Dans ce texte, il
y a bien quelques génuflexions à propos des finances publiques saines. Mais la
liste des nouvelles dépenses est impressionnante, alors que les auteurs du
texte garantissent qu’il n’y aura pas de hausse d’impôt. Donc il y aura plus de
dette.
C'est donc une bonne nouvelle pour Paris puisque les Allemands seront peut-être moins critiques sur l’état de
nos finances. On peut d’ailleurs se demander si c’est une bonne chose, car les
remontrances de l’Allemagne étaient le seul frein à l’endettement pour les
Français. Pour autant, les relations avec le futur gouvernement ne seront pas
sans conflit.
Tout ne sera pas sans encombre, puisque quelques points seront sujets au conflit. Le nucléaire tout d’abord, que la France s’apprête à relancer, alors que l’Allemagne confirme son échappée dans les renouvelables. Outre-Rhin, toutes les toitures neuves devront être recouvertes de panneaux solaires, 2% du territoire sera réservé aux éoliennes terrestres et les maritimes seront développées sur la Baltique. Le but de Berlin est de faire proscrire définitivement le nucléaire des financements internationaux, un casus belli pour Paris.
Les ventes d’armes ensuite font elles aussi, parties des sujets qui fâchent. Nous avons besoin, je cite, de "règles plus contraignantes pour une politique restrictive en matière d’exportation d’armes", dit le texte commun. Là encore, inadmissible pour la France, l’un des premiers vendeurs d’armes au monde.
La défense européenne, si elle fait l’objet d’un engagement plus marqué de la part de cette nouvelle équipe, pourrait déboucher sur un sujet diplomatique très délicat. Le futur chancelier, Olaf Scholz, avait proposé, en 2018, que la France partage avec l’Europe le siège de membre permanent qu’elle occupe au Conseil de sécurité de l’ONU. Vifs échanges en perspective entre les deux pays.
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