C’était le 4 juin 1989. Place Tian Anmen, à Pékin, 2 à 3.000 personnes sont massacrées par l’armée chinoise, déterminée à réprimer les mouvements étudiants pour la démocratie. Pendant les 30 ans qui ont suivi, la Chine est devenue, sinon notre amie, du moins un partenaire, qui a vu son poids économique augmenter considérablement dans l’économie mondiale.
La doctrine de Deng Xiaoping était même de rester discret, de ne pas revendiquer face à l’ordre établi. Et voilà que désormais tout change. La Chine fait passer une loi d’exception à Hong Kong, là encore pour réprimer les mouvements politiques dissidents.
Elle embastille un million d’opposants ouïghours, la minorité musulmane qui vit dans l’Ouest du pays. Elle multiplie les chantages avec l’Australie et avec la Nouvelle-Zélande, deux pays qu’elle considère comme sa banlieue.
Elle diffuse des fake news, prétendant que ce sont les États-Unis qui ont créé et diffusé le coronavirus en Chine. Et sa diplomatie défend désormais le régime de façon outrancière et insultante. En trois mots, la Chine montre les dents.
Qu’est-ce qui explique ce retournement ? Un nationalisme désinhibé, exacerbé par le maître du pays, Xi Jingping. Une situation économique bien plus tendue qu’il y a 15 ans, alors que la croissance ralentit, elle sera cette année au plus bas depuis Tian Anmen, où c’était 3,8%.
Un mépris pour l’Occident, aussi, qu’elle considère comme décadent et destiné à sombrer et l’hostilité désormais déclarée des États-Unis, encore plus crue depuis l’épidémie, qui a aggravé les tensions.
Mais au fond, que veut la Chine ? Etre le maître du monde, à la place du maître du monde actuel. Autrement dit, détrôner les États-Unis. La Chine de 2020, c’est un peu l’Allemagne de Guillaume II, à la fin du XIXème siècle, lorsque le Kaiser revendiquait pour son pays ce qu’il appelait "une place au soleil".
Toutes les puissances ascendantes au plan économique ont ce complexe de l’assiégé, ils ont l’impression qu’il existe un complot contre eux, pour les empêcher d’accéder à la place qu’ils méritent.
La Chine se sent suffisamment forte pour ne plus réprimer son agressivité
François Lenglet
La Chine mérite t-elle vraiment la place de N°1 mondial ? Au plan économique, elle n’en est pas très loin, selon certains calculs elle est même déjà la première économie du monde.
Et elle a été pendant des siècles la première puissance mondiale, jusqu’au début du XIXème, siècle qu’elle appelle celui de l’humiliation. Aujourd’hui, elle se sent suffisamment forte pour ne plus réprimer son agressivité.
En quoi l’épidémie a t-elle accéléré cette prise de conscience ? Tout bêtement les chiffres de mortalité en Europe et aux États-unis, qui ont convaincus les Chinois que nous étions des incapables, alors qu’eux, avaient réussi à maîtriser rapidement l’épidémie.
Le tout après la crise de 2008-2009, qui était une crise du capitalisme américain, de Wall Street. Les Chinois sont pourtant très dépendants des marchés extérieurs, ils ont besoin de l’Occident, le premier exportateur mondial. Mais sa croissance dépend aujourd’hui largement de la consommation intérieure, le centre de gravité s’est déplacé.
De plus, l’interdépendance, pour raison commerciale, ou pour raison d’approvisionnement en matières premières, est ressentie comme une dépendance. Au lieu de tempérer le nationalisme, elle l’exacerbe, parce qu’elle renforce les soupçons de complot mondial.
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