C'est tout à fait possible que nous entrions dans une nouvelle crise de l'euro, comparable à celle de 2012. D'abord parce que l'Italie est désormais sans gouvernement. Matteo Renzi, le président du conseil, a démissionné tôt lundi 5 décembre. L'arrivée au pouvoir, à Rome, d'un parti anti-euro est donc possible, lors des élections qui doivent être organisées d'ici au début 2018. Car ces partis sont désormais majoritaires dans l'opinion.
Ça veut-il dire que les Italiens ne veulent plus de l'euro ? En tout cas, bon nombre des électeurs lui attribuent, non sans raison, la stagnation économique du pays qu'ils subissent. Figurez-vous que depuis la mise en oeuvre de l'euro, en 1999, le PIB n'a progressé que de 6%. Pour la France et l'Allemagne, c'est 25%. Pour l'Espagne, c'est bien davantage. L'Italie n'a jamais pu s'habituer à une monnaie forte comme l'euro, habituée qu'elle était à dévaluer régulièrement sa monnaie, la lire, pour retrouver de la compétitivité. Le résultat en Italie de l'union monétaire, c'est un chômage massif - bien pire qu'en France - et la disparition de la croissance.
Matteo Renzi, le premier ministre démissionnaire, était pourtant présenté comme un réformateur efficace. Il était davantage dans le faire savoir que le savoir-faire. En clair, il y a eu beaucoup de paroles et peu d'actes. Le pays a connu une toute petite reprise depuis 2015, plus faible encore que celle de la France. L'économie italienne est plus que jamais divisée entre les régions industrielles du Nord, qui ont continué a enregistré de la croissance positive, et le sud de Rome, en plein effondrement. En Campanie, la région de Naples, ou en Sicile, le "non" au référendum l'a d'ailleurs emporté à plus de 70%.
L'Italie n'a jamais pu s'habituer à une monnaie forte comme l'euro
François Lenglet
La prochaine élection italienne est celle de tous les dangers pour l'euro. Mais il y a aussi un risque de court terme : le sauvetage des banques. Les banques italiennes sont en mauvaise santé, au moins pour une petite dizaine d'entre elles. Elles ont été éprouvées et par la mauvaise gestion, et par cette longue période de récession, parce que bon nombre d'entreprises ont fait faillite et ne remboursent plus leurs crédits.
Les banques ont donc besoin d'argent. Or, si l'on s'en tient aux règles européennes, l'État n'a pas le droit de sauver directement ses banques. C'est une impasse. Il faudrait que l'Europe prête à l'Italie la quarantaine de milliards d'euros dont elle a besoin pour recapitaliser ses banques.
Que peut-il se passer ? Peut-être la faillite d'un établissement bancaire italien, qui entraînerait sa nationalisation immédiate, avec les risques d'un "effet domino" sur d'autres établissements transalpins fragiles. Il y a aussi l'accélération de la fuite des capitaux que connaît l'Italie. Bon nombre d'épargnants italiens ont, en effet, déjà retiré leurs économies des banques italiennes, pour les mettre dans des pays qu'ils jugent plus sûrs, au sein de la zone euro, l'Allemagne ou l'Autriche. Exactement comme les Grecs il y a dix-huit mois.
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