Au Royaume-Uni, où le gouvernement a annoncé une hausse prochaine de 4% du salaire minimum. Outre-Manche, il aura augmenté de 12% sur un an. En Espagne, c’est le Parlement qui a voté une augmentation de 40% du salaire minimum interprofessionnel d’ici à 2020. Au Portugal, on vient aussi de remonter la rémunération plancher.
Et voilà que chez nous, la commission chargée de conseiller le gouvernement sur l’évolution du Smic recommande, au contraire, de s’en tenir aux augmentations minimales (pas de "coup de pouce" !). Ces dernières seraient de quelques dixièmes de point de pourcentage, c’est-à-dire de quelques euros par mois sur un total de 1.460 euros brut mensuels, ou 1.150 en net.
Pourquoi y a-t-il de telles différences ? D'abord parce que c’est nous qui avons le Smic le plus élevé de tous ces pays, et de loin. En Espagne, par exemple, il est de la moitié du nôtre, c’est-à-dire 655 euros par mois. Ensuite parce que le Royaume-Uni est moins contraint que nous. Sa monnaie a dévalué de 15 à 20% par rapport aux autres monnaies. Il a donc une marge de compétitivité importante, qu’il peut utiliser en partie.
Si on dévaluait, pourrait-on augmenter le Smic en France ? Le problème de l’augmentation du Smic, c’est que cela entraîne toutes les rémunérations avec elle, et que cela pèse donc sur la compétitivité. Avec des salaires plus chers, les produits fabriqués sont plus chers. Les entreprises - au moins celles qui ont beaucoup de salariés - se trouvent donc face à une alternative : soit elles embauchent moins pour ne pas augmenter leurs prix, soit elles perdent des commandes. Dans les deux cas, c’est mauvais pour l’emploi.
Dans ces deux cas, la dévaluation de la monnaie permet de compenser la perte de compétitivité. C’est ce qu’on a d’ailleurs fait très longtemps en France : on augmentait fortement les salaires, et on dévaluait dans la foulée. En 1981, le "coup de pouce" a atteint 10% en 1981 par exemple. En 1968, c'était même +35%. À chaque fois, on dévaluait derrière. Tant et si bien que les deux mouvements finissaient par s’annuler, à cause de la hausse des prix provoquée par la dévaluation. L’augmentation de pouvoir d’achat n’était bien souvent qu’illusoire.
Aujourd'hui en union monétaire, augmenter le Smic est-il mauvais pour l’emploi ? En fait, tout dépend des secteurs, des régions et des catégories de salariés. Mais cela peut être mauvais, c’est ce que dit la fameuse commission. L’emploi d’un jeune non qualifié est, par exemple, très sensible au salaire, parce qu’un jeune non qualifié est peu productif. Et le chômage des jeunes Français s’explique en partie par l’existence du Smic.
C’est ce que n’avaient pas compris Jospin et Chirac, qui ont augmenté le Smic de 4% en 1995, de 4% en 1997, et de plus de 10% au début des années 2000, avec le passage aux 35 heures. Tout cela sans compter les revalorisations régulières liées à l’inflation. Une bonne partie de la perte de compétitivité française d'aujourd'hui a été causé par ces années.
Du côté de François Hollande ? Un seul petit coup de pouce, en 2012, de 0,6%. Vous voyez que les temps ont changé. Depuis, il n’y a eu que les revalorisations minimales, infimes car l’inflation est quasi-nulle. Le problème, c’est que le pouvoir d’achat des 2,5 millions de smicards est évidemment très faible, surtout dans les villes où le prix du logement a explosé.
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