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Le président chinois Xi Jinping a fait l'ouverture du Forum économique mondial, le 17 janvier 2017 en Suisse
Crédit : SIPA
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Devant 3.000 dirigeants économiques et politiques, réunis depuis le début de la semaine dans la station de ski helvète de Davos, Xi Jinping a prononcé un discours incroyable : un éloge vibrant de la mondialisation et une défense du libre-échange. "Ce n'est pas la mondialisation qui a causé les problèmes actuels du monde", a expliqué le dirigeant chinois, ajoutant que "personne ne tirerait profit d'une guerre commerciale et du protectionnisme".
Un langage doublement étonnant. D'abord parce qu'il émane d'un responsable communiste, dirigeant la plus grande économie socialiste de la planète, alors que le libre-échange, habituellement, est plutôt défendu par l'occident libéral.
Ensuite parce que ce plaidoyer intervient au moment même où la grande puissance capitaliste, les États-Unis, se tourne justement à l'opposé vers le protectionnisme, avec le nouveau président Trump. Curieuse inversion. Jamais les deux économies les plus importantes de la planète n'ont été aussi éloignées depuis les années 1970.
Si la Chine défend la mondialisation, c'est tout simplement parce qu'elle en est la grande gagnante, et qu'elle le sait. Alors que les pays occidentaux ont le sentiment inverse, pas complètement infondé. La Chine a vu son PIB passer de 5% de la richesse mondiale au début de l'ouverture (en 1979), à près de 20% aujourd'hui. Elle s'est développée grâce à l'exportation et l'ouverture des marchés occidentaux, et elle dégage toujours des excédents commerciaux très importants sur le reste du monde.
Prenons l'exemple de l'automobile, par exemple. La Chine est le plus grand marché du monde, avec plus de 20 millions de véhicules vendus l'année derrière. Mais vous noterez que les étrangers ne peuvent pas vendre en Chine s'ils ne produisent pas en Chine. Pékin a imposé aux constructeurs occidentaux d'installer leurs usines dans l'Empire du Milieu. En clair, les Chinois ont appliqué la méthode Trump bien avant Trump.
Pékin n'a ouvert ses frontières que précautionneusement et partiellement, contrairement à nous
François Lenglet
On leur vend, en effet, mais à leurs conditions. Ils interdisent toujours l'acquisition de sociétés chinoises par les étrangers, alors qu'ils multiplient les achats en Occident. Ils persistent dans le contrôle des change et maîtrisent le cours de leur monnaie. La Chine n'est pas une économie de marché.
Les Chinois n'ont ouvert leurs frontières que précautionneusement et partiellement, contrairement à nous. C'est toute l'intelligence de leur politique économique : profiter de l'ouverture des autres tout en filtrant l'accès à leur marché, le temps de constituer des géants nationaux, hier dans la finance, la distribution et l'industrie, aujourd'hui dans l'internet.
Uber vient de se faire débarquer de Chine par son concurrent local. Google est un acteur marginal, alors que son concurrent chinois est super-puissant. Pas un pays n'a réussi cela. La Chine veille d'abord à préserver ses intérêts.
L'arrivée de Trump peut faire changer les choses. Elle a déja provoqué un changement de positionnement de Pékin. Avec le discours de Davos, la Chine se présente désormais comme la championne de la concertation mondiale, en allant jusqu'à défendre l'accord sur le climat de la COP 21, lui aussi contesté par Trump. L'isolationnisme des États-Unis lui laisse le champ libre pour dissimuler sous le manteau de l'intérêt général, ses intérêts commerciaux.
Mais dans le même temps, les Chinois sont plus souples et prêts à donner des gages pour conserver l'accès aux marchés étrangers. Au moment même où le leader chinois s'exprimait mardi, Pékin annoncait que le secteur des mines, celui des infrastructures et celui des technologies allaient être ouverts davantage aux étrangers. S'il fallait une nouvelle preuve que les Chinois entendent parfaitement le rapport de force, c'en est une.
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