Il a beaucoup été question d'économie lors du premier débat entre les candidats de la primaire de la gauche, jeudi 12 janvier. À voir l'éventail des solutions qu'elle propose, la gauche est plus divisée que jamais. Il y a maintenant trois familles bien distinctes, avec chacune ses options. La première, qui était la plus représentée lors du débat, c'est la gauche modérée, dont les chefs de file sont Manuel Valls et Vincent Peillon, et qui regroupe également François de Rugy et Sylvia Pinel. C'est une gauche plutôt européenne, parfois même attachée à la rigueur budgétaire, comme pour Peillon et de Rugy.
Elle veut lutter contre le chômage en travaillant sur l'offre, c'est-à-dire sur l'organisation de l'économie. Elle prévoit différentes aides fiscales pour les entreprises. Elle milite pour une montée en gamme de l'économie et une politique de formation. Elle est en accord avec tout ou partie de la loi El Khomri. Son point fort, c'est le réalisme. Son point faible, c'est que cette politique a été pratiquée par François Hollande et qu'elle n'a produit que des résultats maigres et tardifs. Elle est associée au médiocre bilan du quinquennat.
À l'opposé des réalistes, il y a la gauche productiviste d'Arnaud Montebourg, c'est une autre famille intellectuelle et politique. Pour lui, le problème est inverse : ça n'est pas l'offre, mais la demande qui est insuffisante. C'est donc un tout autre diagnostic, et un tout autre traitement : il faut relancer l'économie, avec des dépenses publiques d'investissement, pour faire repartir le cercle vertueux.
Son point fort, c'est une vision du pays à cinq ou dix ans, et une foi dans l'innovation et l'inventivité humaine. Son point faible, c'est le financement de tout cela. On ne peut boucler l'équation budgétaire qu'avec la bonne vieille "réorientation de l'Europe" qu'on trouve dans tous les programmes de la gauche depuis vingt-cinq ans, et qui s'appelle en réalité le creusement du déficit budgétaire.
Reste Benoît Hamon. C'est le chef de file de la troisième famille, avec Jean-Luc Bennahmias. Une tout autre philosophie : pour lui, le travail va manquer, à cause de l'innovation technologique, qui détruit des emplois. Il faut donc le partager (32 heures par semaine) ou lui substituer un "revenu universel" attribué sans condition. Le point fort, c'est sans conteste l'originalité.
Les points faibles sont nombreux. D'abord, la fin du travail a toujours été redoutée dans l'Histoire. Elle n'est jamais arrivée, loin s'en faut. Bon nombre de pays sont aujourd'hui au record de l'emploi. Pourquoi la fin du travail frapperait-elle seulement en France ? Reste enfin un détail : comment financer 400 milliards d'euros du "revenu universel", sinon par un impôt hors de toute proportion ?
Cela fait quand même pas mal de différences. Mais il y a quand même des points communs. L'un d'eux, important, est apparu lors de ce premier débat : la défense de la sécu universelle, et l'idée de faire prévaloir les principes sur les comptes et le déficit. C'est un trait commun de toutes les gauches de jeudi soir, et une différence majeure avec la droite.
L'autre point commun, qui est aussi une différence avec François Fillon, c'est que la sphère de l'État (celle des fonctionnaires) est défendue et préservée, voire étendue même pour certains candidats.
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