Compétition planétaire aux enjeux financiers énormes, la quête d'un vaccin contre la Covid-19 avance à une vitesse inédite. Mais gare aux effets d'annonce et aux espoirs déçus.
Les scientifiques du monde entier se sont lancés dans une course contre la montre afin de trouver un vaccin pour prévenir la Covid-19. Des États-Unis à la Chine, certains ont déjà bien avancé sur le sujet.
Le gouvernement américain s'est engagé à financer jusqu'à près d'un milliard de dollars pour soutenir et développer un potentiel vaccin mis au point par la société américaine de biotechnologie Moderna, et qui s'apprête à entrer dans la dernière phase de son essai clinique.
Ce vaccin expérimental, qui a déclenché des anticorps contre le coronavirus chez les 45 participants dans une première phase, pourra ainsi être testé à partir de ce lundi sur 30.000 personnes.
La moitié de l'échantillon recevra 100 microgrammes du vaccin américain, alors que l'autre moitié recevra un placebo. L'essai est mené en collaboration avec les autorités sanitaires américaines, rappelle la Moderna, qui réaffirme être en mesure de fournir quelque 500 millions de doses par an, et potentiellement jusqu'à un milliard, à compter de 2021.
Parallèlement, dans la course contre la montre pour trouver un vaccin sûr et efficace contre la Covid-19, deux projets, un britannique et un chinois, ont produit une réponse immunitaire importante, selon les résultats de deux essais cliniques distincts, parus le lundi 20 juillet dans la revue médicale britannique The Lancet.
Le premier, réalisé par l'université d'Oxford en partenariat avec AstraZeneca, a généré "une forte réponse immunitaire" dans un essai sur plus de 1.000 patients, tandis que le second, soutenu par CanSino Biologics, a provoqué une forte réaction en termes d'anticorps dans un autre essai chez la plupart des quelque 500 participants.
Aucun des deux projets n'a enregistré d'effets indésirables graves, mais des essais sur un nombre de participants plus important doivent encore avoir lieu, avant d'envisager leur commercialisation. Pour autant, il est bien trop tôt pour tirer des conclusions.
"On ne sait pas encore si ces niveaux d'immunité peuvent protéger contre l'infection [...] ni si ce vaccin peut protéger les plus fragiles des formes graves de Covid-19", a commenté Jonathan Ball, professeur de virologie moléculaire à l'université de Nottingham, qui n'a pas participé à ces recherches.
La solution chinoise est d'ores et déjà testée en Chine depuis le mercredi 22 juillet. Au Brésil, ils sont près de 9.000 volontaires à essayer ce nouveau vaccin.
Le vaccin britannique est également testé à travers le monde, "On a vacciné 10.000 volontaires en Angleterre, on est en train de vacciner 5.000 volontaires au Brésil, 2.000 en Afrique du Sud" annonçait Pascal Soriot, PDG du groupe pharmaceutique AstraZeneca, à l'antenne de RTL. Il rajoute : "On pense pouvoir être en mesure de livrer un vaccin à la fin de l'année au plus tard, peut-être un peu plus tôt si tout va bien".
"Si notre vaccin s'avère efficace, c'est une option prometteuse, car ce type de vaccin peut être fabriqué facilement à grande échelle", a commenté Sarah Gilbert, chercheuse à l'université d'Oxford.
Cependant, une étude britannique rendue publique mi-juillet suggère que l'immunité basée sur les anticorps pourrait disparaître en seulement quelques mois dans le cas de la Covid-19, ce qui risque de compliquer la mise au point d'un vaccin efficace à long terme.