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Le rhinocéros unicorne, classé espèce "vulnérable"
Crédit : Anupam Nath/AP/SIPA
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En Chine, la reprise du commerce limité de produits issus de tigres et de rhinocéros a été annoncée. Les produits tels que l'os du tigre ou la corne de rhinocéros, recherchés par la médecine traditionnelle, pourront être vendus dans certaines circonstance "particulières", a annoncé le gouvernement chinois lundi 29 octobre dans une circulaire signée par le Premier ministre Li Keqiang.
Parmi ces circonstances, Pékin cite la recherche scientifique, la vente d’œuvres d'art et "la recherche et les traitements médicaux". Une autorisation spéciale sera requise pour le recours à ces produits, stipule la circulaire. Seuls des médecins employés par des hôpitaux reconnus par l'Administration nationale de médecine traditionnelle pourront les utiliser.
Les volumes commerciaux seront, eux, "strictement contrôlés" et le commerce de ces produits sera interdit en dehors des cas prévus. Les autorités chargées du patrimoine et du tourisme seront les seules à pouvoir autoriser "des échanges culturels temporaires" d’œuvres fabriquées à partir de ces animaux.
Le tigre est classé dans la catégorie des espèces en danger d'extinction par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En Chine, les produits dérivés du tigre (os, griffes, moustaches, pénis...) sont connus pour être parés de pouvoirs très controversés, notamment aphrodisiaques, dans la médecine traditionnelle. De fait, ils font l'objet d'une demande persistante. Le nombre de tigres élevés en captivité en Chine a fortement augmenté ces dernières années : on en compte aujourd'hui plus de 6.000 alors que la planète n'abriterait plus au total qu'un peu plus de 3.000 individus en liberté.
Quant aux différentes espèces de rhinocéros, l'UICN les classe soit en catégorie "vulnérable", "quasi-menacée" ou "en danger critique d'extinction". C'est le cas du rhinocéros noir, qui vivait encore à 100.000 exemplaires en Afrique en 1960, contre seulement 28.000 toutes espèces confondues en 2016 en Afrique et en Asie, selon un rapport de l'ONU. Leur corne était à l'origine prescrite en médecine traditionnelle contre la fièvre. Mais de prétendues vertus contre le cancer ont provoqué une augmentation de la demande, notamment au Vietnam, dans les années 2000.
Face à une interdiction totale décidée en 1993, un marché noir s'était mis en place pour remplacer le commerce légal, et de nombreux produits interdits entraient en Chine, notamment par le Vietnam, selon des mouvements écologistes. Ces derniers contestent d'ailleurs la décision du gouvernement chinois : selon eux, elle est destinée à utiliser des produits issus d'animaux en captivité et à accroître la menace sur la faune sauvage.
"Par cette annonce, le gouvernement chinois signe l'arrêt de mort des rhinocéros et des tigres sauvages", accuse Iris Ho, responsable de l'association Humane Society International à Washington. Selon elle, la nouvelle politique suivie à Pékin aboutira à créer une filière de "blanchiment" de produits de braconnage.
"La reprise du commerce légal risque non seulement de servir de couverture au trafic clandestin, mais elle va aussi stimuler une demande qui avait décliné depuis l'entrée en vigueur de la prohibition", déplore Margaret Kinnaird, responsable biodiversité au Fonds mondial pour la nature (WWF).
Depuis Londres, Kate Nustedt, directrice de programme à l'association Animals in the Wild / Protection mondiale des animaux, qualifie de "complet scandale" l'élevage d'animaux sauvages à des fins pharmaceutiques. "Des alternatives synthétiques existent qui constituent un avenir sans cruauté pour la médecine asiatique traditionnelle", estime-t-elle.
Si la nouvelle réglementation envisage d'autoriser la recherche sur les produits issus du tigre et du rhinocéros, ces derniers ne sont guère utilisés par les praticiens, selon des experts. "C'est très limité dans la médecine traditionnelle chinoise", assure le Dr Lan Jirui, qui exerce à Pékin. "On y recourait jadis, mais aujourd'hui, il existe des produits de substitution".
Pour Lokmane Benaïcha, expert français de médecine chinoise installé à Pékin, le recours au tigre relève plutôt du charlatanisme. Ces produits "font partie du folklore, dans le sens où certains hommes pensent qu'ils ont des vertus aphrodisiaques. Des riches Chinois les mettent par exemple dans des bocaux d'alcools à macérer. Mais jamais un médecin chinois ne prescrira ça".
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