Sept personnes sont mortes dans des émeutes au Chili, les pires qu'ait connues le pays depuis des décennies. Pour la deuxième nuit consécutive, une mesure de couvre-feu a été décrétée à Santiago entre 19h et 6h, heure locale. L'"état d'urgence" est également en vigueur dans cinq régions, dont la capitale de 7 millions d'habitants.
"La démocratie a l'obligation de se défendre", a déclaré le président chilien Sebastian Pinera pour justifier ces mesures d'exception, à l'issue d'une réunion avec les présidents de la Chambre de députés, du Sénat et de la Cour suprême.
Le général Javier Iturriaga, chargé vendredi 18 octobre de la sécurité publique par le président Pinera, a de son côté appelé les habitants à rester "calmes" et à ne pas sortir de chez eux. Les émeutes se sont poursuivies dimanche. Des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers dans l'après-midi dans le centre de Santiago, tandis que des pillages se déroulaient dans plusieurs endroits de la capitale.
Cinq personnes ont ainsi péri dans l'incendie d'une usine de vêtements en proie à des pillages. Deux personnes étaient déjà mortes dans la nuit de samedi à dimanche dans l'incendie d'un supermarché également pillé par des manifestants dans le sud de la capitale et une troisième avait été blessée, le corps brûlé "à 75%", selon les autorités.
Deux personnes ont également été blessées par balle et hospitalisées dans un état "grave" après un incident avec la police lors de pillages, également dans le sud de la capitale, selon la même source.
Près de 10.000 policiers et militaires ont été déployés. Les patrouilles de militaires dans les rues sont une première dans le pays depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990). Selon les autorités, 1.462 personnes ont été arrêtées, dont 644 dans la capitale et 848 dans le reste du pays.
Les manifestations ont débuté vendredi pour protester contre une hausse - de 800 à 830 pesos (environ 1,04 euro) - du prix des tickets de métro à Santiago, réseau le plus étendu (140 km) d'Amérique du Sud qui transporte quotidiennement environ trois millions de passagers.
Le président Pinera a suspendu la hausse samedi. Mais les manifestations et les violences se sont poursuivies, nourries par la colère face aux conditions socio-économiques et aux inégalités dans ce pays loué pour sa stabilité économique et politique, mais où l'accès à la santé et à l'éducation relèvent presque uniquement du secteur privé.
"Il ne s'agit pas seulement du métro, mais de tout. Les Chiliens en ont eu marre des injustices", a déclaré sur une chaîne de télévision locale, Manuel, un travailleur qui tentait dimanche de gagner son lieu de travail.
Après trois jours de violences, le centre de la capitale chilienne et d'autres grandes villes, comme Valparaiso et Concepcion, offraient des visages de désolation : feux rouges au sol, carcasses de bus carbonisées, commerces pillés et incendiés.
Des dizaines de supermarchés, de véhicules et de stations-service ont été saccagés ou incendiés. Les bus et les stations de métro ont été particulièrement ciblés. Selon le gouvernement, 78 stations de métro ont subi des dommages, dont certaines ont été totalement détruites.
Ces dégâts dans le métro sont évalués à plus de 300 millions de dollars et un retour à la normale sur certaines lignes pourrait prendre "des mois", a indiqué dimanche le président de la compagnie nationale de transports publics, Louis de Grange.
Quelques rares bus ont circulé dans la capitale, forçant les habitants à se rabattre sur les taxis et les VTC, dont les prix s'envolaient. A l'aéroport de Santiago, de nombreux vols ont été annulés ou reprogrammés, en raison notamment des difficultés des employés pour rejoindre leur lieu de travail.
Quelques petits commerces ont néanmoins rouvert ainsi que des stations services où les files d'attente de voitures étaient visibles, les habitants craignant une poursuite des violences lundi alors que des étudiants ont appelé à de nouvelles manifestations.
"De l'extérieur, on ne pouvait voir que les réussites du Chili, mais à l'intérieur, il y a des niveaux élevés de fragmentation, de ségrégation (...) La jeunesse en a eu marre et elle est sortie dans la rue pour montrer sa colère et sa déception", a expliqué à l'AFP Lucia Dammert, professeure à l'Université de Santiago du Chili.
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