Le sort de la Birmanie serait désormais entre ses mains. Après le coup d'État perpétré ce lundi par l'armée, les regards se tournent maintenant vers son chef : Min Aung Hlaing. Ce général de 64 ans, qui a fait arrêter Aung San Suu Kyi, la cheffe du gouvernement civile, le président de la République, Win Myint, proclamé l'état d'urgence pour un an, placé ses officiers aux postes-clés de l'État, s'est octroyé dans la foulée les principaux pouvoirs : "législatif, administratif et judiciaire".
Si la crise entre le gouvernement civil et les militaires couvaient depuis les élections législatives de novembre, ce haut-gradé, sans doute l'homme le plus puissant du pays, est loin, non plus, d'être un inconnu. C'est à lui, paradoxalement, que l'on devait la transition démocratique de 2011.
Mais à six mois de la retraite, qu'il devait prendre en atteignant l'âge de 65 ans, le tout-puissant militaire vient de faire état de sa toute autre ambition. Depuis plusieurs semaines, Min Aung Hlaing dénonçait des irrégularités lors des législatives remportées par le parti d'Aung San Suu Kyi (Ligue nationale pour la démocratie), comme pour préparer l'opinion au putsch à venir.
"Il n'a jamais caché qu'il avait des ambitions politiques", observe Hervé Lemahieu, un expert de la Birmanie au sein de l'Institut Lowy, basé en Australie. "Il avait caressé l'idée de se présenter aux élections. Il a probablement observé que le parti soutenu par les militaires avait totalement implosé et que jamais il ne serait en mesure de rester au pouvoir au travers d'élections".
Commandant en chef depuis 2011, Min Aung Hlaing s'attribuait le mérite de la tenue en 2015 des premières élections libres en un demi-siècle dans l'ex-colonie britannique. Mais il était aussi tenu comme l'un des principaux responsables de la fuite de 750.000 Rohingyas au Bangladesh voisin, et de la répression sanglante menée par les militaires contre cette minorité musulmane en 2017. Des actes, qui lui valent aujourd'hui de lourdes sanctions de la part de la communauté internationale.
Le spectre d'un coup d'État planait depuis que Min Aung Hlaing en personne avait averti fin janvier que la constitution pouvait être "révoquée" dans certaines circonstances. Il se peut que l'ambitieux général birman s'inspire de l'exemple de son voisin thaïlandais, avance Hervé Lemahieu en référence aux élections de 2019 en Thaïlande qui ont permis au chef de la junte Prayut Chan-O-Cha de se maintenir au poste de Premier ministre après un coup d'État cinq ans plus tôt.
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