Beaucoup espérait y voir sa fin de règne. Pour certains, son omnipotence semblait ébranlée. Dimanche 9 août, Alexandre Loukachenko leur aura donné tort. Celui qui dirige d'une main de fer la Biélorussie depuis 26 ans, a été réélu dimanche 9 août avec 80,23% des voix.
Malgré les protestations de la rue, qui ont fait un mort et des dizaines de blessés et vu l'arrestation de plus de 200 personnes, le moustachu implacable et capricieux entame officiellement lundi 10 août son sixième mandat. Une simple formalité pour l'autocrate de 65 ans, accusé d'avoir fait tuer ou emprisonner ses détracteurs, dans un pays où le Parlement ne compte pas le moindre opposant. Cette fois encore, avant le scrutin du 9 août, deux concurrents déclarés ont été incarcérés et un troisième a choisi l'exil.
Pourtant, depuis le printemps quelque chose semblait bien avoir changé dans ce pays de 9,5 millions d'habitants. Son président paraissait moins inspirer la terreur. Sur les réseaux sociaux et dans des meetings publics de centaines voire de milliers de personnes, il était moqué, surnommé tantôt "Cafard moustachu" ou "Sacha 3%", diminutif de son prénom associé à sa popularité supposée selon ses détracteurs.
Des termes qu'il n'apprécie guère. Quelques jours avant l'élection, Alexandre Loukachenko, transpirant à grosses gouttes, s'était emporté contre ceux qui le critiquent, se posant en père de la Nation confronté à des enfants ingrats. "Je les ai tous nourris à mon sein !", avait-il proclamé. Longtemps surnommé "Batka" ("père"), l'indétrônable président biélorusse a pu se targuer d'une popularité réelle et durable, en particulier dans les zones rurales et parmi les générations nostalgiques de l'URSS.
Lui qui dirigea dans les années 1980 des fermes collectives s'est fait élire en 1994 après l'indépendance avec un message populiste et anticorruption. L'ancien directeur de kholkoze aime d'ailleurs se mettre en scène dans les champs et cultive cette image d'homme de la terre. Lors d'une visite au Kremlin fin 2018, il offrit même à Vladimir Poutine quatre sacs de pommes de terre "issues des jardins présidentiels", quitte à alimenter une plaisanterie récurrente en ex-URSS selon laquelle la Biélorussie ne produirait que des patates.
Avec son arrivée au pouvoir, Loukachenko refuse le virage capitaliste, préférant maintenir un système politico-économique dominé par l'État, empreint de symbolique soviétique. L'opposition est harcelée, la liberté d'expression jugulée et le KGB conserve son nom.
Aujourd'hui encore, il revendique ce système, assurant que sans lui, le pays serait "livré à des criminels".
Mais ces derniers mois, il a été confronté à des tensions sans précédent avec le grand frère russe, au point d'accuser Moscou d'ingérence électorale et d'avoir envoyé des mercenaires armés pour aider l'opposition à fomenter "un massacre". En ce sens, sa capacité à louvoyer a atteint des limites, le despote de Minsk voyant ses relations avec le président russe Vladimir Poutine se dégrader considérablement.
Ce père de trois enfants, qui pose en uniforme militaire ou sur une patinoire de hockey, a jusque-là toujours su se montrer intraitable, que ce soit en dispersant d'importantes manifestations en 2010 ou en résistant à des années de sanctions de l'Union européenne.
Pourtant celui qui se se donne volontiers une image macho, n'hésitant pas à dénigrer une concurrente lors de la campagne : "pauvre petite chose" ou "pauvre nana", a vu
sa réputation mise à mal par ses déclarations niant la gravité de l'épidémie de coronavirus, y voyant une "psychose".
Avec sa verve typique, il préconise face au virus le travail agricole, le sauna et un peu de vodka. En juillet, il s'est targué d'avoir été contaminé et d'avoir traversé la maladie "sur ses deux jambes". Malgré la pandémie, les manifestations anti-gouvernementales, ou le désamour de Moscou ou de Bruxelles, Alexandre Loukachenko est bien toujours debout.
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