Barcelone : des milliers de manifestants plaident pour l'accueil des réfugiés

Les Barcelonais se sont mobilisés en masse pour réclamer que l'Espagne accueille "dès maintenant" des milliers de réfugiés comme elle s'y était engagée en 2015. 160.000 personnes ont battu le pavé, samedi 18 février dans la capitale catalane, à l'appel du maire de gauche, Ada Colau. L'édile avait en effet appelé ses concitoyens à "emplir les rues" pour cette marche intitulée "Nous voulons accueillir".

Aux alentours de 17 heures, la Via Laietana, une artère traversant la vieille ville jusqu'au port, fourmillait de manifestants. "Plus d'excuses, accueillons maintenant", s'affichait sur les nombreuses pancartes s'élevant du cortège chapeauté par la plateforme "Chez nous c'est chez vous".

En vertu de ses engagements envers l'Union européenne, l'Espagne devait recevoir quelque 16.000 candidats à l'asile déjà admis dans d'autres pays, à partir de 2015. Mais seuls 1.100 sont arrivés jusqu'à présent. Céramiste, Jacint Comelles manifestait avec famille et amis. En Europe, "très peu a été fait, particulièrement en Espagne", constatait le sexagénaire. Et de poursuivre : "Nous réclamons ce minimum de dignité, qu'au moins ce nombre de réfugiés-là puissent arriver".

La manifestation s'est terminée symboliquement au bord de la mer Méditerranée où plus de 5.000 migrants ont péri en 2016. Une série d'interventions étaient ensuite retransmises en direct à la télévision catalane. "Nous sommes victimes de la guerre", a témoigné une réfugiée syrienne, Meera Zaroor. "Nous voulons que le dictateur et l'organisation État islamique - qui sont les deux faces d'une même médaille - s'en aillent et nous pourrons rentrer au pays", a-t-elle dit, interrompue par les applaudissements de la foule.

Mercredi 15 février, la présidente de la députation provinciale de Barcelone, Mercè Conesa, avait jugé "honteux" que l'Espagne n'ait accueilli qu'un millier de réfugiés. Aux côtés de maires de villes de Catalogne, elle avait demandé que la Commission européenne "commence à sanctionner de façon sévère" les pays ne respectant pas leur engagement en la matière. Barcelone avait présenté dès le mois d'août 2015 un plan pour accueillir des réfugiés en provenance de Syrie, d'Irak, d'Afghanistan ou d'Érythrée. Mais en 2016, Ada Colau avait déploré le faible nombre de réfugiés accueillis en Espagne et, à Bruxelles, avait "critiqué la réponse donnée par l'Europe" à la crise des migrants.