Goodyear : les salariés sont résignés
REPORTAGE - L'accord signé entre le fabricant de pneus et la CGT ouvre la voie à la reprise de l'activité agricole du site d'Amiens-Nord par l'Américain Titan et laisse des salariés fatalistes.
Un accord à l'arraché, puis, plus rien. Après 7 ans de lutte acharnée, les derniers délégués ont quitté l'usine, sans faire de commentaire, plutôt tendus. Seuls restent sur place quelques agents de sécurité.
Même si les indemnités ont été réévaluées, les ouvriers savent qu'ils doivent maintenant tourner la page Goodyear.
"On demandait plus pour être maintenant à zéro. Depuis 7 ans qu'on est comme ça, on est décapités. Il faudra que je trouve un autre emploi, j'ai 53 ans. Il faut demander à Goodyear, il l'a bien vendu à Titan", dit un ancien employé.
Une dernière bataille devant les prud'hommes
, critiqué, et lui même pas tendre avec les salariés qui ont séquestré deux cadres de l'entreprise, l'Américain Maurice Taylor et son groupe Titan pourraient reprendre le site. Mais seulement , déplore Franck, dans l'entreprise depuis 10 ans.
"Ça ne m'inspire pas du tout confiance. Un employeur qui dit qu'il va reprendre 300 employés dans une entreprise qui en compte plus de 1.000, je ne vois pas comment il va la faire tourner. Je suis célibataire, d'autres ont des enfants et des maisons, je comprendrais qu'ils y aillent. Moi, je vais créer mon entreprise parce que je sais que je ne retrouverai pas un emploi avec le même salaire", confie l'ex-employé.
Après 7 ans de lutte, la CGT Goodyear laisse l'impression d'avoir essuyé un dernier échec face à la direction. Le syndicat va désormais jouer son vatout devant les prud'hommes. Pour un dernier combat.
