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2 min de lecture
Des colis préparés pour la marque chinoise Temu
Crédit : AFP
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C’est une conséquence tout à fait inattendue des tensions entre la Pologne et la Russie : la fermeture d’une route commerciale essentielle entre la Chine et l’Europe, une ligne de train. Pour raison de sécurité, Varsovie a décidé de fermer ses frontières avec la Biélorussie, alliée de Moscou. Décision qui fait suite aux incursions de drones en Pologne, et aux manœuvres militaires conjointes entre la Biélorussie et Moscou. Du coup, les gigantesques trains en provenance de Chine sont bloqués en Biélorussie pour une durée indéterminée, et ne peuvent traverser la Pologne pour rejoindre l’Europe occidentale où les clients attendent.
Car il y a bien une ligne de train entre la Chine et l’Europe. Des trains qui chargent plus de 100 containers chacun, chargés de produits Shein ou Temu, les sites de vente de vêtements, de produits électroniques, de machines outil, y compris des produits fabriqués par les Occidentaux en Chine et réexportés. Le trafic est en plein essor, parce que le train, s’il est sensiblement plus cher que le bateau – 10 à 12.000 euros le container – est aussi beaucoup plus rapide. Une vingtaine de jours seulement pour parcourir les plus de 10.000 kilomètres, contre au moins le double par la mer.
Cette ligne part des grandes métropoles de la Chine orientale, traverse le Xinjiang, la Chine musulmane, puis le Kazakhstan, puis la Russie, la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne. C’est l’une des artères de la fameuse route de la Soie chinoise, ce réseau de liaisons planétaires que la Chine cherche à mettre en place. Et c’est, depuis deux jours, une nouvelle artère commerciale vitale bloquée pour des raisons géopolitiques.
D'autres axes sont en effet régulièrement bloqués. Les attaques de Houtis, ces rebelles yéménites armés par l’Iran, ont ralenti considérablement le transit des navires en mer Rouge, là encore un point de passage critique entre l’Asie et l’Europe. Il y a six mois, on se souvient du quasi-arrêt du gigantesque trafic maritime sur le Pacifique entre la Chine et les États-Unis, à cause des décisions de Trump. Le trafic n’a pas retrouvé ses niveaux antérieurs.
Du temps de la mondialisation sans entrave, jamais ces crises ne se seraient produites. À l’époque, la Terre était plate, le risque n’existait quasiment pas, rien ne freinait le commerce international. C’est fini. La montée des tensions politiques et militaires entre les grands blocs est en train de fragmenter l’économie mondiale, sous nos yeux. C’est désormais la géopolitique qui impose sa loi au commerce. Et, j’allais dire, c’est le monde normal, au regard de l’histoire. Un monde que nous retrouvons après une parenthèse de trente ans comme il en arrive une par siècle. Il va falloir s’habituer à ce que la Terre ne soit plus plate.
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