La TVA, ou taxe sur la valeur ajoutée, revient régulièrement au cœur de l’actualité fiscale. Peu le savent, mais cet impôt, aujourd’hui le plus lucratif de France, est une création française. Il a rapporté 177 milliards d’euros à l’État en 2024, devenant de loin le premier impôt en termes de recettes. Pourtant, ses débuts furent tout sauf évidents.
La TVA a été conçue en 1952 par Maurice Lauré, haut fonctionnaire à la Direction générale des impôts. Elle sera généralisée en 1965, après de longues résistances. "À l'époque, les taxes étaient locales, souvent en cascade, perçues à différents stades", explique dans Tout savoir sur, Denis Brunel, auteur de La TVA, son histoire, ses crises Et demain ? chez Temporis Editions.
Et d'ajouter : "Il va avoir beaucoup de mal à la faire voter. Il ira voir les leaders politiques", et deux hommes, que tout opposait, seront décisifs : Antoine Pinay, à droite, et Pierre Mendès-France, à gauche. Un improbable consensus autour d’un impôt qui, à l’époque, souffrait d’une mauvaise image, car "c’est un impôt sur la consommation".
Depuis, la TVA a conquis le monde. "C’est un très grand succès. Ça rapporte beaucoup et ça ne fait pas trop mal parce qu’on s’en rend à peine compte", poursuit Denis Brunel. "C’est un impôt moderne, facile à contrôler, perçu tout au long de la chaîne de production." Aujourd’hui, 170 pays l’ont adoptée, y compris deux géants fédéraux comme l’Inde et le Brésil. Une exception notable : les États-Unis, toujours réticents à franchir ce cap.
La TVA est souvent vantée pour sa simplicité. Mais à mesure que les taux se multiplient, cette lisibilité s’efface. "L’exemple est assez clair avec les huîtres", souligne Cyprien Goux, co-auteur avec Brunel du livre sur la TVA. "Une huître est taxée à un certain taux. Mais si elle est ouverte par le commerçant, elle devient un produit transformé et change de taux."
Même chose pour le chocolat : au-delà d’un certain pourcentage de cacao, le taux de TVA varie. Résultat : "Un certain grand n’importe quoi fiscal", reconnaît-il, pointant la complexité croissante entre taux réduits de 5,5% et taux normal à 20%.
Cette complexité, ajoutée à la dimension européenne de la TVA, a aussi ouvert la voie à des fraudes massives. "On parle aujourd’hui de 20 à 25 milliards d’euros par an", explique Cyprien Goux. La Cour des comptes évoque un peu moins, environ 19 milliards, mais le phénomène reste massif.
Il distingue deux types de fraudes : le travail au noir, d’un côté, et de l’autre, la fraude dite "carrousel", qui exploite les remboursements entre pays européens pour détourner de la TVA en série.
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