Report des allègements de charge : encore un reniement du gouvernement
REPLAY - ÉDITO - Le gouvernement a annoncé mercredi 16 septembre qu'il reportait les allègements de charges sociales prévus. Ce qui met en fureur les entreprises.

C'est une décision incompréhensible. Ces allègements de charges sociales devaient profiter aux employeurs, dans le cadre du fameux "pacte de responsabilité", que François Hollande présente comme le grand oeuvre économique de son quinquennat. Il s'agit d'abaisser le coût du travail pour améliorer les marges des entreprises et rétablir la compétitivité. C'est donc une ristourne consentie aux entreprises, dans le but de relancer l'emploi. Une montée en puissance progressive était prévue, avec une étape importante au 1er janvier prochain, qui vient d'être décalée de trois mois, au 1er avril prochain, parce que le gouvernement n'a pas assez d'argent pour le financer.
"Trois mois de retard, ce n'est quand même pas la mer à boire", direz-vous ? Détrompez-vous. Ce n'est pas l'ampleur du signal qui compte, mais sa nature. Le gouvernement revient sur sa parole, c'est désastreux. D'autant que, avant même cette décision, de nombreuses voix dans la majorité demandaient la remise en cause de cette politique, parce qu'ils la jugent trop favorable aux entreprises, et que cela donnait déjà un sentiment d'instabilité permanente. La seule chance de voir ce programme de baisse des charges se traduire en investissements ou en emplois, c'était de s'y tenir mordicus.
En matière fiscale, ce gouvernement a fait de l'improvisation un principe d'action
François Lenglet
Cette instabilité explique sans aucun doute l'attentisme des entreprises. Il y a un brouhaha permanent sur l'impôt et les charges, à cause de ces décisions contradictoires, qui donnent l'impression d'un pilotage à vue. Avec des baisses d'impôts pour les ménages qui sortent du chapeau par opportunisme politique, ou au contraire des contretemps comme celui d'aujourd'hui, pour une économie d'un milliard d'euros. Une économie qui semble tomber comme un météorite dans le jardin, alors qu'elle aurait dû être anticipée. En matière fiscale, ce gouvernement a fait de l'improvisation un principe d'action.
Le gouvernement se défend en expliquant qu'il faut financer d'autres mesures pour les petites entreprises. Mais ce sont des arguties. Remettre en cause une mesure annoncée et prévue pour en financer une nouvelle ne fait qu'ajouter à la complexité et à l'instabilité. Cela approfondit la méfiance des entreprises vis-à-vis du gouvernement.
Bien sûr, on pourrait se dire qu'il ne s'agit que de psychologie. Mais c'est probablement ce sentiment qui explique que la France soit l'un des pays dans la zone euro qui soit le plus en retard dans la reprise économique.