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Renault : Luca de Meo est-il l'homme providentiel ?
L'annonce du départ de Luca de Meo de Renault pour Kering a suscité une chute spectaculaire de l'action du constructeur auto.
Le directeur général du constructeur automobile français Renault, Luca de Meo, va quitter le groupe.
Crédit : ERIC PIERMONT / AFP
L'annonce a secoué le monde de l'industrie automobile. Luca de Meo, patron de Renault, s'en va pour rejoindre le groupe de luxe Kering de la famille Pinault. C'était une surprise et la bourse n'y a pas été insensible. La question est la suivante : un homme peut-il être providentiel en économie ? Si l'on en croit la réaction des marchés financiers : oui. L'annonce du départ de Luca de Meo a entrainé une chute de 8,69% pour Renault et une hausse de 11,76% pour Kering.
Luca de Meo, c'est le numéro 5 : 5 ans à la tête de Renault, 5,4% de marge dégagée l'an dernier alors qu'avant lui Renault avait affiché des pertes historiques en 2020 et 5 comme la Renault 5 qu'il a ressuscitée et qui est un formidable succès, et ils sont rares en ce moment, en automobile l'an dernier. Renault a été le seul constructeur automobile occidental à ne pas annoncer d'alerte sur ses résultats avec Ferrari.
Son départ est donc un coup dur pour Renault et c'est pour ça que le titre plonge. Cela révèle surtout tous les chantiers que de Meo n'a pas réglés au moment où il s'en va. Luca de Meo a magnifiquement relancé la R5, la 4L et la Twingo bientôt. Mais Renault n'a pas réussi à se développer aux États-Unis et en Chine.
L'alliance avec le Japon et Nissan est en bout de course. Donc la question de fond à laquelle Luca de Meo échappe en quittant le groupe est : Renault peut-elle rester indépendante ?
Autre question : comment négocier avec Bruxelles pour éviter que la réglementation ne fragilise les constructeurs européens ? Voilà des questions beaucoup plus difficiles à régler que le revival de la R5 des années 70.
Chez Kering, il hérite aussi d'un groupe en difficulté. C'est ce que traduit du coup l'envolée à la bourse. Kering a besoin d'un capitaine à la barre, aux côtés de François-Henri Pinault. Le chiffre d'affaires est en baisse de 14% au premier trimestre, ce qui était pire que prévu. La marque vedette Gucci, raflée au terme d'une bagarre incroyable avec Bernard Arnault, il y a plus de 20 ans, est au fond du sac avec des ventes en chute de 24%.
Luca de Meo sait sublimer les marques et les rendre séduisantes. Il est bon quand il récupère une entreprise en crise. Il a bâti sa carrière sur le néo-rétro, c'est-à-dire en relançant la Fiat 500 en 2007 chez Fiat, puis la marque Cupra chez Seat, et enfin donc la Renault 5, parce qu'il parle à la nostalgie des acheteurs de voitures neuves qui ont plus de 50 ans. Mais est-ce que ça marche de la même manière avec une ancienne collection de sacs à main Jackie des années 50 ? Et est-ce qu'un homme de l'industrie automobile populaire, certes tiré à quatre épingles et un peu dandy, peut-il sauver une marque de luxe ? Pour l'instant, on s'en remet à la Providence, autant qu'à l'homme providentiel.
