Après 42 ans de travail (dont près de 25 dans l'industrie automobile), Daniel, ancien ouvrier à PSA - Hordain près de Valenciennes (ex Sevelnord) vient de faire valoir ses droits à la retraite à 59 ans le 1er janvier dernier. Soulagé, il se sent encore "cassé" de partout. En tant qu'opérateur sur les chaînes d'assemblage, il devait monter des pièces sur des voitures. "C'était un travail absorbant, dit-il. Il s'agissait de tâches répétitives sur des quarts temps de près de 2 heures, avec un véhicule qui passe en moyenne toutes les minutes 50." Malgré les machines, ce néo-retraité (qui a pu partir grâce à un plan seniors au sein du groupe) ressent encore les "séquelles" du métier. "Le fait d'arrêter de travailler, les muscles ne fonctionnent plus de la même façon, on ressent des douleurs auxquelles on ne faisait pas attention. Le boulot nous rattrape tout le temps" raconte Daniel.
Quand il sort marcher,
« il faut un moment de décrassage, on profite sans savourer vraiment". L'ancien ouvrier, installé à Cambrai, porte désormais des appareils auditifs :" j'ai perdu 45% d’audition après 25 ans dans le bruit".
"A la fin, j'allais travailler la boule au ventre! Il était temps de s'arrêter".
Daniel, ancien ouvrier PSA
Pour ce père de famille, également jeune grand-père, c'est un soulagement d’être en retraite, et il estime avoir fait "sa part". "J’encourage mes
collègues à le faire quand ils peuvent. A la fin, j'allais à l'usine la boule au ventre, à contre-coeur. Ma femme le voyait bien, il était temps de s'arrêter" explique t-il. Ce nordiste, ancien délégué CGT, ne se voyait pas repartir encore deux ans de plus: "Pour finir dans quel état? interroge l'ex ouvrier. Dans un bureau, pourquoi pas mais à l'usine sur des chaînes, le corps ne travaille pas de la même façon".
Daniel, qui peut au moins désormais voir davantage ses petits-enfants, ne se sentait plus aussi efficace à son poste face aux jeunes collègues. "Il fallait être à 200% pour tenir la cadence face aux jeunes. Ils sont sans pitié par rapport aux anciens!".