L'usine de LED (ces ampoules nouvelle génération) a été installée par un groupe contrôlé par la municipalité de Shanghai, pour 100 millions d'euros. À terme : 200 emplois dans une région qui en avait bien besoin, parce qu'elle a subi et la désindustrialisation et le retrait des garnisons. Manuel Valls est venu lundi 21 mars inaugurer le site de 60.000 mètres carrés, qui devrait se doubler d'un labo de recherche. Mais le problème, c'est que cette nouvelle usine se situe à quelques dizaines de kilomètres d'une autre usine de LEDs, spécialisée elle aussi dans l'éclairage public, et qui appartient au leader français du secteur. Eclatec, créé en 1927, s'inquiète bien évidemment de la concurrence étrangère.
Les Chinois souhaitaient être près de la gare TGV, pour desservir tout ce qu'on appelle le cœur européen. Il se trouve qu'Eclatec était là, depuis longtemps. Le gouvernement français aide-t-il une entreprise chinoise à faire concurrence aux Français ? Il n'y a pas d'aide financière, mais un soutien politique. Ce sont les plus hautes autorités des deux États qui avaient signé le protocole pour créer l'usine. La visite de Manuel Valls en est un autre signe.
S'il n'y a pas d'argent de l'État versé, on pourrait vous dire que c'est la concurrence normale. À ceci près que le groupe chinois est public, comme la plupart des entreprises du pays, et qu'il dispose de fonds sans limite pour préfinancer les commandes de ses clients, les municipalités françaises, généralement sans le sou. Même si les produits ne sont pas meilleurs que ceux des Français, les conditions commerciales devraient donc être difficiles à battre, à cause d'une concurrence biaisée sur le financement.
Par ailleurs, Eclatec se plaint d'avoir été piraté par l'entreprise chinoise, qui se serait largement inspirée de ses produits comme de ceux des autres fabricants occidentaux. Pourquoi le gouvernement français prend-il donc ce risque ? Probablement parce que c'est un projet politique aux yeux des Chinois, et que la France espère donc qu'il pourra en entraîner d'autres.
La Chine est désormais le septième investisseur étranger chez nous. L'année dernière des Chinois ont, par exemple, racheté le Club Med et une bonne partie du groupe hôtelier Accor, sans compter l'aéroport de Toulouse. Le seul problème, c'est que les patrons chinois disparaissent de temps en temps, à cause de la grande campagne contre la corruption qui est à l'œuvre en Chine.
C'est arrivé au patron de Fosun, qui a racheté le Club Med, mais il a réapparu quelques jours plus tard. Ca n'est pas le cas de celui qui a racheté Toulouse-Blagnac, qui ne donne plus signe de vie depuis plusieurs mois. Il s'est envolé. Vous nous direz, pour un patron d'aéroport...