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Les entreprises face au retour du fait religieux dans la sphère professionnelle

REPLAY / ÉDITO - Le gouvernement s'empaille sur la question de la laïcité. Mais c'est également le cas en entreprise.

François Lenglet
François Lenglet
Crédit : Damien Rigondeaud
Les entreprises face au retour du fait religieux dans la sphère professionnelle
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François Lenglet

France 2 diffuse jeudi (23h10), en partenariat avec RTL, un magazine consacré au retour du religieux dans l’économie (Dieu, la valeur qui monte). Il est de plus en plus fréquent que les employeurs soient confrontés à la demande de pratiques religieuses sur le lieu même de travail. Selon l’Observatoire du fait religieux en entreprise, une entreprise sur deux fait face à ce problème de façon régulière ou occasionnelle en 2015. C’est une proportion en augmentation sensible d’une année sur l’autre. Le plus fréquent est la demande d’absence pour fêtes religieuses, le port ostentatoire d’un signe religieux comme le voile et les demandes de prière pendant les pauses. Dans certains cas rares (5% des constatations), il s’agit d'une revendication radicale comme le refus de travailler avec une femme quand on est un homme. Cela a été le cas récemment à la RATP chez un conducteur de bus, qui a été sanctionné pour cela.

Comment réagissent les entreprises ? Il y a deux cultures. L’assureur Axa, par exemple, prône la tolérance et tâche de ne pas entraver les pratiques religieuses dans la mesure où elles ne perturbent pas l’organisation et le travail collectif. À l’inverse chez Paprec, une grande entreprise qui retraite des déchets, on met en œuvre une charte de la laïcité qui est assez stricte. Ce qui est frappant, c’est la multiplication des guides destinés aux managers pour les conseiller et les informer sur la loi. C’est le cas chez Orange, chez EDF ou dans certains syndicats comme la CFDT. Car les syndicats sont parfois poussés, par leurs adhérents, sur le terrain, à soutenir telle ou telle revendication confessionnelle, comme le menu hallal à la cantine. La plupart des responsables, que ce soit les cadres d’entreprise ou les syndicalistes, sont un peu désorientés devant ces demandes nouvelles.

L'entreprise est un domaine privé où prévaut la liberté de manifester ses convictions religieuses

François Lenglet

Que dit la loi ? La laïcité au sens strict, c'est-à-dire la neutralité obligatoire, avec interdiction de port de signes ostentatoires, ne s’applique que dans les services publics et en partie dans l’espace public (le voile intégral est, par exemple, interdit dans la rue). Mais l’entreprise, c’est un domaine privé, où prévaut la liberté de manifester ses convictions religieuses. La fameuse charte de Paprec est donc sinon illégale, du moins attaquable. Car le droit à manifester ses convictions ne peut être limité que s’il contrevient à la liberté des autres (dans le cas du prosélytisme, par exemple) ou s’il met en péril la bonne marche de l’entreprise. L’employeur peut ainsi refuser le port du voile pour le personnel en contact avec le public, s’il peut établir qu’il y aurait un préjudice commercial pour l’entreprise.

En fait, c’est dans la société au sens large que s’exprime le retour du religieux. L'entreprise ne fait que le traduire parce qu'elle est elle-même dans la société. Il est lié en partie à l’essor de l’islam en France, qui est la communauté religieuse la plus dynamique au plan démographique. Il trouble nombre de managers, pour partie à cause des cas de radicalisme (on a interdit à 57 salariés l'accès aux zones sensibles à l'aéroport de Roissy), mais aussi parce que certains managers voient dans l’expression de ces convictions religieuses un refus de s’intégrer. Alors que c’est peut-être le contraire. C’est la thèse du sociologue du CNRS Hicham Benaissa. Pour lui, ces demandes et ces difficultés sont justement le signe de l’intégration d’une jeunesse musulmane au monde du travail français, alors que leurs parents étaient moins revendicatifs justement parce qu'ils ne se sentaient pas chez eux.

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