Les commerces changent à vitesse grand V dans nos villes
ÉDITO - Au moment où le gouvernement lance son plan de revitalisation des centres-ville français, les boutiques et les commerces urbains sont en train de se transformer à grande vitesse.

Une étude passionnante vient d'être publiée sur les commerces à Paris entre 2014 et 2017, réalisée par l'Atelier parisien d'urbanisme (Apur). Bien sûr Paris a des spécificités, à cause de sa taille, de son rôle de capitale, des nombreux touristes qui y séjournent.
Mais l'étude témoigne de tendances à l'œuvre qui touchent les devantures dans toutes nos métropoles et même plus largement, dans tout le pays. Parce que derrière la physionomie des commerces, il y a l'évolution des modes de vie et de la sociologie de ceux qui consomment dans les villes. "Dis-moi quelles boutiques tu fréquentes, je te dirai qui tu es".
Ce qui est surprenant d'ailleurs, c'est la rapidité des évolutions, de la transformation des fonds de commerce. Sur trois ans, un commerce sur six change d'activité. C'est considérable.
La réparation de vélos, un commerce en plein boom
La plus forte progression, c'est la vente et réparation de vélos, en hausse de 57%. Elle est suivie par les soins du corps (+9%), avec une mention particulière pour les ongleries (+30%), les salles de sport. On assiste, en revanche, à un effondrement des salons de bronzage. Le teint cuivré n'est plus à la mode.
En poupe également, les supermarchés et les supérettes, qui progressent sensiblement, et les commerces alimentaires spécialisés. Dans ce domaine, les champions de la croissance ce sont les magasins bio (+47% en trois ans), après déjà une envolée les années précédentes. Également très bien placés dans le hit-parade, les pâtissiers et les cavistes.
Les consommateurs font attention à leur forme. On voit que ce qui marche se concentre autour du corps : la beauté et l'alimentation. Et plus précisément sur la santé du corps, avec le bio et le sport. Ce sont un peu les marottes de ceux qu'on appelle les bobos, urbains à bon pouvoir d'achat, qui ont investi les centres-ville cossus où les prix de l'immobilier ont fort grimpé.
Ces secteurs moribonds
Ce qui ne marche pas ? L'habillement (-6%), la chaussure, les agences de voyages (-9%), les librairies et marchands de presse (-10%), les boutiques de photographie (-9%), l'électroménager (-13%). Bref tous les secteurs où le commerce en ligne est en train de se substituer au commerce physique. Autre secteurs à la peine, les vidéoclubs et les sex-shops, eux aussi concurrencés par Internet.
Autre forte chute : celle des garages de réparation automobile (-12%), causée bien sûr par le fait qu'un nombre croissant de citadin n'ont plus de voiture personnelle.
L'ultra-frais fera de la résistance
On a récemment appris que les bons vieux Monoprix allaient s'allier avec le géant du commerce en ligne Amazon. Les commerces alimentaires peuvent-ils être menacés à leur tour par Internet ? Sans doute sur les produits d'épicerie. Encore faudra-t-il que les sites entretiennent des bases en centre-ville, c'est-à-dire des magasins, pour effectuer des livraisons rapides. C'est probablement la raison de cet accord.
Mais pour le frais, l'ultra-frais et les commerces spécialisés comme les pâtisseries, le client désirera choisir lui-même ses produits encore longtemps, quitte à se déplacer. Et après tout, il y a aussi un plaisir à regarder les vitrines et les étals, que le e-commerce sera bien en peine de remplacer.