Le vin n'aura pas le même goût dans trente ans
Quel goût aura le vin en 2050 ? Un œnologue a produit un vin de Bordeaux dans les conditions climatiques du futur (donc avec un temps beaucoup plus chaud), et il l'a fait déguster. Verdict.

Tout ceux qui l'ont goûté étaient d'accord : ce vin n'avait plus rien à voir avec du Bordeaux(*). Pour le produire, Pascal Chatonnet a utilisé les même cépages que ceux qui poussent aujourd'hui dans le Bordelais (du Merlot et du Cabernet sauvignon), mais il a fait cultiver les raisins en Tunisie.
Car en 2050, selon les projections des climatologues, il fera à Bordeaux la même température qu'aujourd'hui à Tunis, c'est-à-dire au moins deux degrés de plus. Il a vinifié son vin et l'a fait goûter à d'autres œnologues.
Ce Bordeaux a des arômes de fruits rouges mais très mûrs, de fruits presque confits. Il a moins de fraîcheur. Il est plus clair. Bref ce n'est pas le vin du siècle. À cause du réchauffement, tous les vins risquent de perdre en finesse.
Dans son livre Menace sur le vin, le journaliste Yves Leers explique justement comment les vignerons vont devoir s'adapter. D'abord en changeant de cépages. Il y a une parcelle à Bordeaux où ont été plantés cinquante raisins différents (grec, espagnol, italien...). Pour l'instant, c'est un cépage portugais, le Touriga, qui s'adapterait le mieux en Aquitaine.
Parfois plus de vin du tout
Les vignerons vont devoir aussi changer de mode de culture, comme il y aura moins d'eau : moins désherber pour maintenir plus de fraîcheur, vendanger plus tôt. Bref une vraie révolution.
Les spécialistes estiment même que dans les régions ou la température augmentera de plus de trois degrés, là il n'y aura plus de vin du tout. Le grand vignoble français du prochain siècle sera peut-être dans la région de Dunkerque.
(*) À consommer avec modération