Le travail, c'était mieux avant ? Salariés dans les années 1970, ils se souviennent des années fastes : "Je plains les jeunes d'aujourd'hui"

Sur le parking de l'usine Stellantis de Poissy (Yvelines), Michel Forveille sort de sa voiture. Ce retraité s'approche des portiques d'entrée et soupire. Le site est menacé de fermeture, les 2.000 emplois ne tiennent plus qu'à un fil.

Le contraste est saisissant avec ce que cet ancien technicien de maintenance a vécu il y a 50 ans. L'usine Chrysler produit alors les célèbres Simca, le taux de chômage ne dépasse pas 4%, l'industrie automobile vit la fin de son âge d'or.

"Je suis sorti en juin avec mon diplôme", se remémore Michel Forveille. "J'ai rencontré un copain avec qui j'étais à l'école. Il m'a dit 'ils embauchent chez Chrysler'. Je suis rentré en novembre, j'étais chez Chrysler. À l'époque, il n'y avait pas de souci pour chercher du boulot. Par rapport à aujourd'hui, je plains les jeunes."

"On fumait partout"

À l'époque, les robots n'ont pas encore pris la place des ouvriers. Le secteur embauche mais les conditions restent difficiles, avec des semaines de 40 heures de travail, 6 jours sur 7. La santé en entreprise est loin d'être une priorité.

"On fumait tous dans l'usine, dans les bureaux, partout", décrit Michel Forveille. "On passait dans les lignes, ça sentait bien le Ricard. Les contremaîtres, eux, ils buvaient du whisky, ça se sent moins. Et les ouvriers, c'était du Ricard."

Entre 10.000 et 15.000 francs pour un commercial

Quid des salaires ? En 1975, Claude Turpin vient d'être embauché à Paris comme commercial chez Xerox, le spécialiste de la bureautique. "Je devais gagner entre 10.000 et 15.000 francs par mois, aujourd'hui ça paraît dérisoire, mais à l'époque c'était beaucoup d'argent", assure-t-il. 

L'équivalent de 2.300 euros, c'est beaucoup moins que ce qui est proposé aujourd'hui. Mais à l'époque, le coût de la vie est moins élevé. "La première année, j'ai acheté un cabriolet 504 et un manteau de vison à ma mère, ce qui était exceptionnel quand même à l'époque, pour un gamin de 22 ans", se remémore-t-il.

"C'était vachement mieux avant"

Claude Turpin se souvient surtout d'avoir travaillé au détriment de sa vie de famille. "Les congés, c'était quatre semaines à cette époque-là", explique-t-il. "Je n'ai jamais pris plus de deux semaines. Travailler, c'était naturel. Je suis obligé d'avouer que les enfants, c'est vrai que c'est ma femme qui s'en est occupée. Moi, je m'efforçais de ramener l'argent. Elle partait en vacances sans moi, avec mes enfants."

L'homme a retrouvé une photo de son équipe de vente, qui jouait au volleyball. En la montrant, il se met à sourire, se remémore ses cinq collègues, les repas échangés, les soirées arrosées. "Travailler et prendre son pied au travail, c'est formidable", commente-t-il. "Ils ne prennent plus leur pied, les enfants aujourd'hui."

Les souvenirs se multiplient et la mélancolie gagne le retraité. "Oui c'était mieux avant, vachement mieux", conclut-il.

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