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Le laxisme budgétaire est de retour en Europe
ÉDITO - La France desserre la vis budgétaire, elle fera moins d’efforts l’année prochaine. Une tendance qui concerne toute l'UE.
François Lenglet
Crédit : Damien Rigondeaud
Selon les premiers éléments du budget, il y aura en effet à la fois plus de dépenses de l’État et plus de fonctionnaires l’année prochaine. Quelque 14.000 postes devraient être créés dans la sécurité et l’éducation, c’est-à-dire autant que cette année. Au total, la France aura recréé des postes de fonctionnaires de façon significative lors de ce quinquennat, contrairement à ce qui s’était passé sous le précédent, présidé par Nicolas Sarkozy.
La rigueur, c’est fini. Et ça fait déjà un moment, au vu de la longue liste de dépenses nouvelles que le gouvernement égrène depuis quelques mois, pour les fonctionnaires, les agriculteurs, les jeunes, les intermittents du spectacle. Chacun a eu son cadeau. Dans la bonne vieille tradition française, le Président qui se représente fait financer sa campagne électorale par la dette publique. Il faut dire que c’est particulièrement tentant en ce moment, où l’endettement est incroyablement peu cher. La France s’endette en ce moment sur dix ans avec un taux d’intérêt très faible (0,13% par an). C'est quasiment gratuit.
S'endetter sans limite ? Pas si simple
Alors si c’est gratuit, on peut s’endetter sans limite ? Ce n’est pas si simple. La pression est beaucoup moins forte qu’en 2012, par exemple, lorsque François Hollande a été élu, et que nous étions en crise financière. C’est vrai que la charge des intérêts de la nouvelle dette sera très faible dans les budgets futurs. Mais attention quand même : il reste la charge des intérêts de la dette déjà accumulée, et surtout, même si l’on s’endette à zéro aujourd'hui, il faudra renouveler un jour ces emprunts, lorsqu'ils arriveront à échéance, dans dix ans. Et qui sait quelles conditions d’emprunts prévaudront à ce moment-là ? Même à taux zéro, la dette représente donc un risque. On peut le prendre, mais pas pour payer les dépenses de fonctionnement de l’État. Ça vaut le coût pour des investissements.
Bruxelles ne devait-elle pas surveiller les comptes publics des membres de la zone euro ? Si, mais elle ne fait que montrer les dents. Et encore, de plus en plus timidement. La Commission vient ainsi de relever que l’Espagne et le Portugal ont dépassé largement leurs objectifs de déficit - ils sont dans une situation budgétaire plus mauvaise que la France. Mais il ne devrait y avoir que des sanctions symboliques, au grand dam de l’Allemagne et de la Finlande, qui eux ont rétabli leurs comptes et voudraient de lourdes pénalités financières pour les contrevenants.
Une crise résistante
Pourquoi va-t-on vers une période rigueur moindre ? Il y a des raisons politiques d’abord, avec la montée des populistes partout en Europe qui s’appuient sur les effets persistants de la crise, même dans les pays où cela va un peu mieux comme l’Espagne. Il y a ensuite des raisons économiques. On ne sait plus très bien comment faire pour retrouver un niveau d’activité suffisant.
Presque dix ans après la crise, l’économie mondiale en porte toujours les stigmates. La tentation de la relance budgétaire va donc être puissante, en Europe continentale, au Royaume-Uni et peut-être même aux États-Unis, en 2017, après les élections présidentielles quel que soit le nouvel habitant de la Maison Blanche. Parce que la relance sera tout simplement le dernière cartouche à tirer contre cette crise résistante.
