On observe d’étonnantes conversions sur le chapitre de la dette publique, parmi nos politiques. La dernière en date vaut cher. Elle était aussi vraisemblable que de voir un moine franciscain vanter les plaisirs de la polygamie.
C’est François Bayrou, l’homme qui a lancé l’alerte sur l’emballement de la dette, lors d’une brillante campagne à l’élection présidentielle, en 2007. Et le voilà qui publie un papier pour proposer de différer le remboursement de la dette de la crise, et d’en profiter pour la charger de 200 milliards d’euros supplémentaires, à dépenser tout de suite, pour conforter la relance. Si l’on enlève l’emballage cadeau, assez fin, Bayrou, naguère si soucieux des finances publiques, nous exhorte aujourd’hui à creuser la dette de 7 à 8 points de PIB.
Dans le même temps, d’autres font le mouvement inverse. Je cite : "Oui, une dette doit être remboursée. Il y à là un aspect moral essentiel". Un État doit s’organiser pour rembourser "contre vents et marées". Je cite encore : "Non, les générations futures n’auront pas à subir l’impéritie de quatre décennie de mauvaise gestion publique".
Qui a dit cela ? Un Allemand ? Un fétichiste de Maastricht, Jean-Claude Trichet, Christine Lagarde, patron de la BCE ? Vous n’y êtes pas du tout. C’est Marine Le Pen, la patronne du Rassemblement national, ex-chantre de la dépense à fond. C’est incroyable, Bayrou et Le Pen jouent désormais à front renversé. Ou, pour le dire autrement, ils se sont croisés dans la côte.
Mentionnons d’abord la politique. Si Le Pen change de position, c’est parce que la présidentielle arrive, et qu’elle convoite les électeurs de la droite classique, plutôt vigilants sur le sujet de la dette et partisans d’une forme de rigueur. En clair, elle n’arrivera pas à l’Élysée sans se recentrer, notamment sur les questions de finances publiques.
Quant à Bayou, il fait partie de la majorité présidentielle, et prépare le deuxième quinquennat, en repoussant les limites de l’endettement. La politique est donc déterminante. Mais il n’y a pas que cela. Sur cette question de la dette, tout le monde ou presque a changé d’avis, c’est le chassé-croisé général.
À cause de la crise sanitaire et de la crise économique qui l’accompagne, tous les partisans de l’orthodoxie en Europe ont tourné casaque. Christine Lagarde, la patronne de la BCE, pratique une politique monétaire qui l’aurait hurler elle-même il y a dix ans, en arrosant les états de milliards. Mario Draghi, son prédécesseur, vante désormais l’endettement public, alors qu’il a passé sa vie à se battre contre !
Tous les deux font ou préconisent exactement ce que disait Marine Le Pen, quand elle était considérée comme une dangereuse inconséquente par ces mêmes tenant de l’orthodoxie. Perte de repère universelle, donc, parce que la dette ne coûte plus rien aux états, grâce à la politique de taux d’intérêt à zéro. Nous sommes partis pour une longue période d’endettement forcené avec tous les risques qui l’accompagnent car, quoi qu’en pensent les esprits raisonnables, arrêter la planche à billet sera aussi difficile que de remettre le dentifrice dans le tube.
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