C’est à partir de ce jeudi 10 avril 2025 que démarre la campagne de déclaration des revenus 2024. L’occasion de se demander pourquoi et comment a-t-on créé l’impôt sur le revenu. Pour cela, il faut remonter au 15 juillet 1914.
C’est une révolution à l’époque, puisque c’est le premier impôt progressif de l’histoire de France : plus vos revenus sont élevés, plus le pourcentage pour calculer le montant de votre impôt est lui aussi élevé. Il ne concerne alors que 2% des foyers français, contre un peu plus de 44% aujourd’hui.
Jusqu’à la Révolution, l’impôt bénéficie au roi avec la taille et la gabelle, à l’église avec la dîme, et aux villes avec l’octroi. Mais comme ces impôts sont un peu calculés au doigt mouillé et varient énormément selon les provinces, ils sont très inégalitaires, voire injustes.
Donc en 1789, on remet tout à plat. Ainsi, on crée quatre contributions qu’on surnomme "les quatre vieilles". La foncière sur la valeur locative des biens ; la mobilière sur le revenu présumé d’une personne qu’on évalue d’après le montant du loyer de son habitation ; la patente, sur les loyers des locaux commerciaux ; et enfin l’impôt des portes et fenêtres, on considère que plus on en a à son domicile, plus on est riche. Voilà pourquoi d’ailleurs pour frauder le fisc, beaucoup de Français les font condamner.
Le problème de ces quatre vieilles, c’est qu’elles taxent surtout les biens, mais très peu les salaires. Or avec la révolution industrielle, ceux-ci vont prendre une part de plus en plus grandissante dans les revenus. Résultat, ces quatre vieilles mises en place par les Révolutionnaires profitent surtout, ironie du sort, aux plus riches.
Voilà pourquoi à partir de 1848, sous la IIe République, on essaye de mettre en place un impôt sur le revenu. Sans succès pendant 60 ans où plus de 200 textes de loi pour le faire sont abandonnés ou rejetés par le Parlement. Finalement c’est Joseph Caillaux, ministre des finances du gouvernement Clémenceau, qui va y parvenir mais à quel prix !
La gauche est pour cet impôt sur le revenu, la droite évidemment contre. Alors Caillaux se prend une campagne de presse d’une rare violence dans Le Figaro. Pour le décrédibiliser, le journal va même jusqu’à publier des messages intimes entre sa maîtresse Henriette et lui. Ce qui conduira cette dernière, devenue l’épouse de Caillaux, à abattre d’un coup de revolver Gaston Calmette, le patron du Figaro.
Mais ça n’empêchera pas l’impôt sur le revenu d’être voté. Grâce, paradoxalement, au début de la Première Guerre mondiale. Une loi qui fait passer le service militaire de deux à trois ans et un programme de réarmement font exploser les dépenses publiques. À cette époque, 1% des plus riches concentrent 55% de la valeur des patrimoines déclarés. La droite, tiraillée entre patriotisme et protéger son électorat, finit par céder, et permet l’instauration d’un impôt dont on n’est, depuis, plus jamais revenu.
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