En 2100, l'économie mondiale va-t-elle connaître une pénurie de sable ?

Le sablier s'affole. Dès l'année 2100, soit quasiment demain, le sable pourrait venir à manquer sur Terre. Le programme des Nations Unies pour l'environnement tire la sonnette d'alarme et invite les pays à réduire leur consommation de cette matière première. 

Si les déserts avancent dans le monde, cela ne veut pas dire pour autant qu'il y a trop de sable. Au contraire, notre consommation a été multipliée par trois en 20 ans. On extrait aujourd'hui 50 milliards de tonnes de sable par an. C'est 9 fois plus que la production de pétrole. 50 milliards de tonnes, c'est comme si l'on construisait un mur de 10 mètres de haut sur 10 mètres de large, tout autour de l'équateur, chaque année.

Si on parle de pénurie, c'est parce qu'on extrait plus de sable que ce que la Terre produit chaque année. On est en train d'assécher cette ressource particulièrement stratégique pour le bâtiment. Le sable est la matière première pour faire le béton et pour produire le verre. Or dans le monde, il y a des régions où l'on bâtit à tour de bras même si nous avons du mal à nous en rendre compte en France parce que le secteur du BTP est un de ceux qui souffrent le plus en ce moment.

Parmi les principaux consommateurs, on retrouve la Chine et l'Afrique. La Chine consomme 60% de la production mondiale pour ériger ses villes nouvelles. La deuxième économie mondiale a englouti autant de sable en 4 ans que les États-Unis en un siècle. D'autres chantiers pharaoniques consomment un vaste quantité de sable en dehors de la Chine et de l'Afrique : le Burj Khalifa, par exemple, la plus haute tour du monde à Dubaï, a nécessité 45.000 tonnes de sable. À titre de comparaison, il faut 200 tonnes pour fabriquer une maison standard et 30.000 tonnes de sable pour un kilomètre d'autoroute.

Tous les sables ne se valent pas

Alors qu'il existe des déserts immenses dans le monde, comment est-ce qu'on peut se retrouver en pénurie ? Parce que tous les sables ne se valent pas. Il n'y a que 5% du sable qui peut être utilisé pour faire du béton. Celui du désert, par exemple, est trop fin, pas assez stable pour faire une tour d'habitation. Or, il faut des millénaires pour faire un sable de qualité qu'on va trouver dans le fond des mers, des rivières ou encore dans des carrières.

Malgré une possible pénurie, le sable reste une matière première qui est très peu chère. C'est bien pour ça, d'ailleurs, qu'on l'utilise autant. Le problème ne vient pas trop la spéculation pour l'instant mais du trafic et du marché noir autour du sable. 

Sable et criminalité

Selon l'ADEME, l'agence environnementale française, la moitié du sable utilisé au Maroc, par exemple, vient de l'extraction illégale du sable sur le littoral. Une technique qui détruit la faune et la flore marine. En Inde, le commerce du sable est tenu par des mafias locales. Ce contexte crée de la misère et de l'instabilité dans ces pays. Alors que faire ? Pas grand-chose. Pour l'instant, il faut alerter et sensibiliser sur la potentielle destruction de plages entières.

On peut aussi recycler le béton, c'est possible. On le fait d'ailleurs un peu dans les pays développés. Utiliser d'autres matériaux comme la terre, le bois, la paille, et puis construire des bâtiments plus petits. Mais ces techniques ne correspondent pas du tout au développement des pays émergents en Asie ou en Afrique. 

Une ressource essentielle

Est-ce qu'il y a une chance qu'on puisse réduire notre consommation de sable ? Pour l'instant, non. Le problème va même s'aggraver car nous avons besoin de sable aussi pour fabriquer des microprocesseurs, des lessives et du dentifrice, par exemple. D'ici 2060, selon un institut chinois, la consommation pourrait encore croître de 45% avec le développement de l'intelligence artificielle, des téléphones portables et l'augmentation de la population mondiale.

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