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ÉDITO - Grève au "JDD" : la presse écrite est-elle vouée à disparaitre ?

La rédaction du "JDD" a annoncé jeudi avoir reconduit pour 24 heures sa grève. Un mouvement qui relance les questions sur le modèle économique de la presse écrite.

Le "Journal du Dimanche" (image d'illustration)
Crédit : THOMAS OLIVA / AFP
L'ANGLE ÉCO - À l'image du JDD, toujours en grève, la presse écrite est en crise
00:04:18
Martial You - édité par William Vuillez
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Les journalistes du JDD ont reconduit leur mouvement de grève pour la 4e semaine consécutive. Ils s'opposent à la nomination de Geoffroy Lejeune, l'ancien patron de la rédaction de Valeurs ActuellesUn débat éthique, mais pas que. Le problème de la presse écrite nationale n'est pas que celui de Vincent Bolloré. Alors c'est vrai : la personnalité de Vincent Bolloré, la ligne éditoriale très à droite qu'il impose à ses médias et la nomination de Geoffroy Lejeune qui incarne cette lecture politique suscite des inquiétudes au sein de la rédaction d'un journal statutaire comme le Journal du Dimanche. Ça peut se comprendre, mais ça n'est pas le seul problème à résoudre.

La vraie question (c'est une banalité de le dire), c'est le modèle économique de cette presse quotidienne. Entre 2010 et 2021, la diffusion papier de la Presse Quotidienne Régionale a baissé de 37%, et celle de la Presse Quotidienne Nationale de 75% selon un rapport sénatorial de juillet 2022. Le Parisien-Aujourd'hui en France illustre parfaitement ces titres qui ressemblent à des lapins pris dans les phares de la voiture. Figé, parce que tiraillé entre son histoire de quotidien mi-national, mi-régional. Le titre perdait en moyenne ces dernières années 20 millions par an. Aujourd'hui, les mondes PQR/PQN divergent comme deux plaques tectoniques et il va falloir faire des choix stratégiques.

Les modèles divergent parce que le numérique est entré dans la danse et perturbe la donne. La lecture des articles en ligne assèche les ventes en kiosque. Mais le marché numérique n'est pas encore assez rentable pour prendre le relai. En 2021, les ventes d’exemplaires numériques ont représenté 13% du chiffre d’affaires pour la Presse Quotidienne Régionale et 61% pour la Presse Quotidienne Nationale. Ça veut dire que les titres nationaux ont résolument pris le tournant du numérique mais ça tarde du côté du Parisien qui est, à la fois un titre national qui a besoin d'exister et d'investir résolument en ligne alors qu'en tant que titre régional avec Aujourd'hui en France, ça n'est pas forcément aussi crucial. Et le fossé se creuse avec les autres. Le Figaro continue d'investir et vient de racheter le magazine people Gala.

Quels sont les titres qui s'en sortent à peu près ?

Si on prend les derniers chiffres communiqués sur l'ensemble de l'année 2022 par APCM/OJD qui font référence, Le Monde est le quotidien national le plus lu de France avec 472.767 numéros diffusés par jour (en hausse de 6% entre 2021 et 2022). Ensuite, on trouve Le Figaro avec 351.526 ventes quotidiennes (en hausse de 1,29%). Ces deux titres ont depuis longtemps orienté leurs stratégies sur le net et ça commence à payer, avec aussi des lignes éditoriales assez identifiées. Et c'est comme pour le Tour de France en ce moment : vous en avez deux devant et les autres beaucoup plus loin derrière.

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Le Parisien-Aujourd'hui en France n'a vu ses ventes progresser que de 0,23% sur un an avec 255.480 exemplaires diffusés par jour, selon l'APCM, contre plus de 300.000 en 2018. On parle là des diffusions payées. Rappelons quand même que devant tous ces grands titres prestigieux, Ouest France écoule 618.643 exemplaires chaque jour.

Les solutions pour la presse écrite nationale ? La diversification et sans doute un changement de logiciel : accepter que le contenu, l'expertise des journalistes puisse servir à proposer des services monétisables pour apporter des revenus additionnels. Des conférences, des évènements de prestige, des podcasts... C'est ce qui a permis à La Tribune (qui vient de tomber dans l'escarcelle de Rodolphe Saadé de CMA CGM) ou aux titres du groupe InfoPro (LSA, Le Moniteur, Usine Nouvelle, La Gazette des Communes) de s'en sortir ces dernières années, parce qu'on est dans le BtoB donc on s'adresse à professionnels. Mais la presse généraliste a sans doute intérêt à réfléchir à ces diversifications.
 
Il faut s'efforcer de garder une ligne Maginot entre éditorial et commercial : c'est souhaitable pour l'éthique journalistique bien sûr ! Mais il faut aussi conserver son indépendance financière si on veut vraiment garder son indépendance éditoriale. Aujourd'hui, abonnements et publicité (orientée à la baisse) représentent l'essentiel des revenus. La diversification : 5% en moyenne. Ça va devoir changer, sinon il n'y aura que des milliardaires qui accepteront de renflouer le tombeau des Danaïdes de la Presse, ou l'État qui a encore versé 196,5 millions d'aides en 2023 pour la diffusion, le pluralisme et la modernisation de la presse écrite.

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