ÉDITO - Facebook dévisse en bourse : les GAFA soumis à la concurrence, estime François Lenglet
La valeur de Facebook a diminué de près de 200 milliards d’euros en quelques heures, à cause notamment d'un changement dans la politique de confidentialité d’Apple.
Le cours boursier du plus grand réseau social du monde, Facebook, s’est littéralement effondré jeudi. Le titre a perdu 26% dans la journée, à Wall Street, la bourse de New York. Et la valeur de l’entreprise a diminué de près de 200 milliards d’euros en quelques heures. Ce qui fait de cette secousse la plus forte chute de l’histoire. Pourquoi une telle nervosité des investisseurs, alors que Facebook était leur chouchou depuis des années ? Mark Zuckerberg, le fondateur et patron de Facebook, a expliqué que le réseau social avait vu le nombre de ses utilisateurs chuter d’un demi-million. Ça semble beaucoup, en réalité c’est l’épaisseur du trait, sur un nombre total de deux milliards d’afficionados.
Mais Facebook nous avait habitué à la croissance perpétuelle, et c’est fini. Ça plafonne. Exactement comme Netflix, le numéro un mondial du streaming vidéo, qui a aussi publié tout récemment des chiffres témoignant d’une fatigue dans la croissance des abonnés. Pour Facebook, c’est la féroce concurrence du Chinois TikTok et de ses courtes vidéos, ainsi que celle de Snapchat en particulier chez les adolescents, qui lui a coûté cher.
Tous ces réseaux se battent pour ce que l’ex-patron de TF1 appelait le "temps de cerveau disponible", l’attention d’un utilisateur ultra sollicitée. Ajouté à cela, il y a eu un changement important dans la politique de confidentialité d’Apple, le constructeur de l'iPhone, l’un des téléphones les plus vendus au monde. Désormais, Apple demande à ses clients s’ils acceptent que soient transmises et utilisées les informations sur leurs consultations de sites et d’applications.
Quel impact sur Facebook ?
Auparavant, ces informations étaient automatiquement relevées et Facebook en faisait de l’or. Car l’entreprise américaine pouvait ainsi connaître exactement le profil et les besoins de ses abonnés possédant un IPhone, et vendre des publicités en conséquence. Abonné à Facebook, vous consultiez une application de voyage aérien, la ligne Paris-Londres par exemple. Vous receviez immédiatement une pub pour les hôtels de la capitale britannique. C’est qu’on appelle la publicité ciblée.
Et ça, c’est fini, pas sur tous les téléphones, mais sur ceux d’Apple. Car la plupart du temps, quand on demande à un utilisateur s’il accepte de partager ses données, il refuse. Du coup, Facebook perd 10 milliards de dollars de ventes annuelles, ça fait quand même 8%. Bon, c’est un manque à gagner par rapport à la tendance d’avant, mais le chiffre d’affaires total de Facebook continue à bien progresser.
Ça veut dire que Facebook revient sur terre, comme une entreprise normale. Et cela vaudra un jour pour tous les GAFA, les Google, Amazon et autres Apple. Ils semblent invincibles et surpuissants, au point que les autorités les frappent de gigantesques d’amendes et les menacent de démantèlement. Mais la bonne vieille concurrence, celle de TikTok en l’occurrence, l’innovation technologique, ici, c’est la possibilité de bloquer le traçage, ou encore les changements du consommateur, par exemple sa préférence croissante pour la confidentialité, ce sont comme des acides corrosifs qui viennent à bout du plus robuste des modèles économiques.
La déconfiture boursière de Facebook le prouve aujourd’hui. Comme celle de General Electric, naguère considéré aussi comme invincible. Ou encore celle, plus ancienne, d’IBM, le GAFA des années 1980. L’extraordinaire croissance des GAFA n’aura qu’un temps.
