Nous sommes le 1er mai, c'est jour de défilé et cette année, on le fait en ordre dispersé. C'est chacun de son côté pour les trois grandes centrales syndicales. Plutôt rare. La CFDT, la CGT et FO s'accordent en général pour afficher un front commun lors de cette journée symbolique. Le 1er mai, c'est la fête du Travail, c'est théoriquement la leur. Si ce symbole a perdu beaucoup de sa force, c'est néanmoins une désunion très surprenante : pour la première fois, l’extrême droite peut espérer investir l'Élysée.
Certes, les sondages ne lui sont pas favorables, il n'empêche : le patron de la CGT, une organisation que l'on a connu très vindicative face au FN, s'invente un droite de réserve. FO se replie derrière une transparence toute nouvelle. Seule la CFDT de Laurent Berger souhaiterait un défilé unitaire.
Cette désunion s'explique par trois raisons dominantes. 2017 sera une date dans l'histoire syndicale française. Pour la première fois, la CGT est devancée, la Centrale de Philippe Martinez n'est plus le principal syndicat du secteur privé. La force dominante c'est la CFDT qu’est en progression constante.
La deuxième raison c'est que ces deux syndicats incarnent des stratégies radicalement irréconciliables. La CGT de Bernard Thibault qui était l'interlocuteur privilégié de Nicolas Sarkozy a pris l'option de la radicalité et de l'opposition systématique. Philippe Martinez a tout au long du quinquennat et surtout lors de la loi Travail, cherché le KO. La Centrale de Montreuil continuera sur cette ligne. La CFDT, qui a privilégié la négociation a su s'imposer et faire valoir se conditions.
La troisième raison, c'est qu'un volant non négligeable, 15 à 20% des CGTistes, se sont prononcés pour Marine Le Pen au premier tour. Deux fois plus que chez les adhérents CFDT où l'opposition au FN est frontale.
Dans l'hypothèse où il serait élu, Emmanuel Macron ne pourra pas compter sur la bienveillance de la CGT qui par ailleurs, craint les prochaines élections syndicales dans la fonction publique. Ni celle de FO où se côtoient de puissants courants d'extrême gauche et de très nombreux sympathisants FN.
Quant à la CFDT, elle n'est en rien acquise à sa cause. Laurent Berger n'a pas caché, sur RTL, qu'il jugerait sur pièce. Ce 1er mai désuni donne une idée des chausses-trappes sociales qui attendent le prochain locataire de l'Élysée.