C'est une grande première mondiale qui a eu lieu il y a un mois et demi à l'hôpital Gustave-Roussy de Villejuif, dans le Val-de-Marne : l'ablation du sein avec un robot, suivie d'une reconstruction mammaire. L'établissement a été le premier au monde à avoir reçu l'autorisation officielle d'utiliser le robot Da Vinci Xi dans cette indication. Deux opérations ont déjà été pratiquées avec succès en décembre dernier.
"On a introduit ses bras articulés sur le bras de la patiente, à distance du sein pour qu'il n'y ait aucune cicatrice sur le sein", explique Benjamin Sarfati, chirurgien plasticien-oncologue, responsable du projet. "Une fois la caméra à l'intérieur du sein, grâce à l'air injecté en permanence, on obtient une vision en trois dimensions très précise pendant toute la dissection", poursuit-il.
Avec une chirurgie classique, l'incision pratiquée sur les seins mesure entre 10 et 15 centimètres. Avec le robot que manipule le chirurgien depuis sa console, les yeux rivés sur l'écran, l'incision d'environ 5 centimètres se fait sous l'aisselle. C'est par là qu'on retire la glande mammaire et qu'on insère ensuite la prothèse.
"Ce robot permet d'avoir des bras articulés qui ont des angles de rotation bien plus importants que la main humaine, précise Benjamin Sarfati. Cela permet de décoller toute la peau du sein avec des angles qu'on ne pourrait pas faire à la vue et avec les mains des chirurgiens seuls".
Moralement et esthétiquement parlant, on est dans une avancée fabuleuse
Anne Fontan, opérée par un robot
L'immense bénéfice de cette nouvelle technique est évidement esthétique. Anne Fontan peut en témoigner à double titre. À 34 ans, cette maman de deux petits garçons a subi en juin dernier une première ablation du sein gauche, avec une chirurgie classique. Une opération extrêmement mutilante pour elle. "J'ai eu une cicatrice tout le long du sein. On n'a plus de mamelon. On est vraiment atteint dans la féminité. Pendant plusieurs semaines je ne me regardais pas du tout dans le miroir, tellement c'était dur à voir", raconte-t-elle.
Six mois plus tard, Anne subit l'ablation du sein droit. À titre préventif, car elle est porteuse d'une mutation génétique qui la prédispose à plus de 80% à une rechute. Cette fois, l'opération est réalisée avec le robot. "Je n'ai même pas l'impression en fait d'avoir subi une ablation, j'ai juste une cicatrice de 6 centimètres qui ne se voit pas puisqu'elle est sous le bras. C'est le jour et la nuit. Même les conséquences post-opératoires n'avaient plus rien à voir au niveau des douleurs", affirme la patiente. "Certes c'est difficile, le cancer reste le cancer, mais moralement et esthétiquement parlant on est dans une avancée fabuleuse".
Qu'en disent les psychologues ? "Le fait de diminuer la taille de la cicatrice va changer ce que la patiente et ce que les autres voient de l'extérieur de son corps. Après, il n'en restera pas moins que l'organe aura été atteint et que le traitement subi aura été lourd. Le vécu intérieur peut ne pas forcément être corrélé à la taille de la cicatrice ; l'image de soi, en revanche, l'est et on attend très clairement une amélioration sur ce plan-là", explique le docteur Sarah Dauchy, chef de l'unité de psycho-oncologie de Gustave-Roussy.
En France, 20.000 femmes sont opérées chaque année d'une mastectomie. Cette technologie s'adresse à deux profils prévis : celles qui ont un tumeur de petite taille et celles qui ont une prédisposition génétique. Pour l'instant, on est dans la phase de l'essai clinique. Trente-cinq patientes doivent être opérées d'ici deux ans. Il faudra donc attendre un peu pour bénéficier de cette technique.
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