Charles Griffond avait 53 ans. Le 17 juillet dernier, ce postier exerçant à Pontarlier, dans le Haut-Doubs, s'est pendu à son domicile familial. À sa compagne et ses deux enfants, il laisse une lettre dans laquelle il édicte ses dernières volontés. Une seconde missive est destinée à son employeur, comme le rapporte l'Est Républicain. Dans ce court message manuscrit, le postier fait part de sa souffrance face à l'évolution de son métier, ou à l'attitude froide et indifférente de sa hiérarchie.
"Depuis quelques années, La Poste a petit à petit détruit ses employés, les vrais postiers, ceux qui avaient le contact avec les gens. En ce qui me concerne, ils m'ont totalement détruit. Depuis décembre 2015, je suis en arrêt de travail et je souffre intérieurement le martyre. Personne, ni de mes collègues ou de ma hiérarchie, n'a pris de mes nouvelles", couche Charles Griffond sur le papier. Et de conclure avec ce slogan terrifiant : "Alors bougeons avec La Poste et mourrons grâce à La Poste".
Aujourd'hui, sa famille est en colère. Sylvain évoque un père "à bout", surmené par des tournées épuisantes. "Ces dernières années à La Poste, tout a changé. Il avait récupéré plus de 200 boîtes aux lettres sur sa tournée, alors que c'était déjà la plus dure de Pontarlier", lâche le jeune homme. "La Poste l’a poussé dans le précipice : la pression, le rendement, l’argent, il n’y a que ça qui compte maintenant…", renchérit Laurence, la sœur du défunt.
Pourtant, ce facteur "à l'ancienne" n'hésitait pas à braver le froid, déguisé en père Noël, pour mener à bien ses tournées. Son entourage a assisté à son changement de tempérament. Cet homme entier, prompt à faire la fête, grand bavard a fini par chuter. Malgré sa fragilité et ses peines de cœur qui l'ont affecté, La Poste aurait joué un rôle non-négligeable dans sa descente aux enfers, selon sa famille. "On ne veut pas qu’une autre famille vive ce qu’on vit, c’est trop dur. C’est violent, c’est atroce. À la fin, on a essayé de l’aider, on l’a soutenu à bout de bras, mais c’était déjà trop tard."
De son côté, La Poste a affirmé au quotidien régional avoir appris la nouvelle "avec beaucoup d'émotion, d'étonnement et d'incompréhension". Une minute de silence avait été observée le 19 juillet, deux jours après le décès de Charles Griffond. L'entreprise ajoute que son ancien employé avait "intégré un dispositif de préretraite depuis huit à neuf mois, qu'il faisait partie des effectifs, mais n'exerçait plus son activité et n'était pas appelé à revenir sur le terrain".
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