Tanguy Pastureau : la vie en blanc-bleu-rouge

Cette semaine aura été celle de la France.
 
Jamais on n’a autant chanté la Marseillaise, même les Anglais, qui nous traitent d’habitude de sombres suceurs de sang de grenouilles, l’ont criée. Lors du moindre match de Ligue 2, on a entonné la Marseillaise avec des bouts de sandwich merguez coincés dans la glotte. Même à Bastia on l’a entendue, or faire une Marseillaise là-bas c’est comme réussir à faire chanter l’Internationale à Gilbert Collard avec Laurent Wauquiez à l’accordéon.
 
Au congrès des maires, François Baroin y est allé de sa Marseillaise, chantée avec Hollande, mais à cause de sa voix de crooner soul à grosses glandes, on n’a pas entendu le président. On aurait dit un duo Barry White-Laurent Voulzy.
 
Tous les politiques ont chanté la Marseillaise depuis 15 jours, la main sur le cœur, ce qui leur a permis, au moment où il s’emballait, de constater l’effet que leur faisait la petite stagiaire de Sciences Po qui passait devant eux. Avant, leur baromètre en la matière se situait 40 centimètres plus bas.
 
Rarement on avait autant chanté la Marseillaise. On l’avait fait après le carnage à Charlie Hebdo et en 98 à la Coupe du Monde, alors que pourtant c’est nous qui avions attaqué le Brésil.
 
Hormis ces moments à part, chanter la Marseillaise, c’était s’exposer à passer pour un fêlé fan de Jeanne d’Arc et de François Bayrou, car lui aussi entend des voix, qui lui disent qu'en 2017, c’est la bonne, l’Élysée est pour lui. Et quand en plus on déballait un drapeau français, on était un demi-facho, si en plus on sortait de chez Camille Albane avec les cheveux ras, quand on était venu avec une photo de Clooney et que le coiffeur nous avait fait la coupe de Juppé, on risquait le lynchage.
 
Nous n’avons pas, en France, l’amour du drapeau. Enfin, jusqu'à il y a peu.

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