Une petite fille de 7 ans a été fauchée l'été dernier lors d'un rodéo urbain dans les Alpes-Maritimes. En 2024, ce sont 40.000 signalements qui ont été recensés tout autour du territoire. Alors, pour endiguer les risques et permettre à ces adeptes, souvent très jeunes et issus de quartiers défavorisés, de pratiquer en toute légalité et en toute sécurité, une association a été créée il y a trois ans.
C'est en Seine-Saint-Denis, en région parisienne, qu'est basée SOS Rodéo, association reconnue par la Fédération française de moto. Une vingtaine de motards se réunissent régulièrement sur le circuit Carole, d'environ 300 mètres. Une voie leur est réservée deux jours par semaine pour qu'ils puissent partager leur passion, le cross bitume.
Beaucoup sont conscients du nombre de drames liés au rodéo sauvage. "Ce qui est extrêmement déplorable", regrette Mehdi, qui pratique depuis plus de 20 ans. "Il y a très peu d'infrastructures qui nous proposent des plateformes comme celle-ci pour s'amuser. Et je pense que c'est aussi ce qui fait qu'il y a eu des drames", analyse-t-il.
Sur le circuit, Chris, 27 ans, sweat à capuche jaune pétant et moto hybride noir chromé, enchaîne les allers-retours et les acrobaties. "C'est une sensation de hauteur que l'on n'a pas l'habitude d'avoir dans la vie de tous les jours, donc sur une roue debout, c'est assez marrant."
Il profite de l'association pour enchaîner les figures. "Deux pieds, un pied. Tout dépend de la pratique", explique-t-il. Il se risque même à passer d'un pied à l'autre. "C'est vraiment ma figure préférée. De danser sur la moto, comme ça. C'est une figure connue dans le milieu de la bike life", explique-t-il.
Cette pratique, il sait qu'elle est dangereuse. "Mais qu'est-ce qui n'est pas dangereux aujourd'hui ? On voit des morts au rugby, sur les rings... Nous, on fait de la moto, ce n'est pas plus dangereux qu'un autre sport. Il faut savoir pratiquer, s'apprendre et s'écouter surtout", assure-t-il.
Mais avec l'association, toutes les mesures sont mises en place pour assurer la sécurité des passionnés : tenue obligatoire, casque, gants, chaussures montantes. Aucun morceau de chair ne doit apparaître.
La majorité de ces adeptes du rodéo urbain ont commencé par des rodéos sauvages dans la rue. Pour beaucoup, c'était la seule solution. "Un peu comme tout le monde, malheureusement, on essayait de s'isoler de la route", reconnaît Enzo. "Parce que faire ça sur la route, ça met en danger les gens... Donc je trouvais des spots isolés ou des zones industrielles où il y avait vraiment très peu d'activité. Au moins, s'il n'y avait pas de véhicule, c'était déjà ça", poursuit-il, assurant qu'il tentait de trouver des endroits "sans habitation". Car il le sait : "On est un peu mal vu par tout le monde."
Mais la pratique des rodéos dans des endroits non adaptés en a amené certains à vivre de dramatiques expériences. "J'ai eu un accident grave, il y a à peu près cinq ans. J'ai voulu arrêter. Au final, je me suis dit que si j'arrêtais, je n'allais jamais recommencer. Donc j'ai repris au bout d'un mois. C'est la bike life", sourit cet autre passionné, qui profite de ce circuit pour "profiter du mieux qu'on peut".
Hors de question d'arrêter cette pratique. L'association leur permet donc de pratiquer leur sport de manière encadrée.
"La base de ce problème, c'est que les gens aiment faire ce qu'ils font. On aime faire des acrobaties. C'est pas fait parce qu'on aime défier la police ou l'ordre public. C'est totalement faux", argue le président de l'association, surnommé Chaban. "On a ouvert ça pour pouvoir rouler en paix, pour avoir un endroit où rouler et pour qu'on arrête d'être embêté par la police. Et qu'on arrête d'embêter la police aussi", ajoute-t-il.
Il constate déjà les fruits de la pédagogie. "La police vient parfois. On facilite le dialogue entre les jeunes et la police. Nous-mêmes, on est super bien vus de la police", se réjouit le président. "Par exemple, quand on est dans un terrain sauvage pas loin, la police vient, tout le monde s'arrête. Plus personne ne fuit et on discute avec la police. S'ils nous disent de partir, on part et on les écoute", poursuit Chaban, qui met en avant un "gros changement de mentalité" et "une grande victoire".
Car, en réalité, les motards ne demandent qu'une seule chose : avoir plus d'endroits pour pratiquer leur sport en toute sécurité. Désormais, SOS Rodéo se délocalise dans d'autres villes en France pour en faire profiter les motards de l'Hexagone, mais se heurte encore à de nombreux refus pour trouver des pistes sur lesquelles rouler.
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