Santé : le Stilnox, puissant somnifère, bientôt considéré comme un stupéfiant

La prescription de ce puissant somnifère va devenir plus stricte. Le zolpidem, plus connu sous le nom de Stilnox, devra être prescrit sur une "ordonnance sécurisée" à partir du 10 avril, en raison des risques de dépendance et des trafics dont ce médicament fait l'objet, selon un arrêté paru mardi 10 janvier au Journal officiel. Les "médicaments à base de zolpidem administrés par voie orale" se verront appliquer "une partie de la réglementation des stupéfiants" dans 90 jours "en raison d'un risque de pharmacodépendance, d'abus et d'usage détourné", indique précisément l'arrêté, daté du 7 janvier.

Ce ne sont pas moins de 20 à 22 millions de boîtes de Stilnox qui sont prescrites chaque année en France. Il est indiqué dans le traitement des "troubles sévères du sommeil en cas d'insomnie occasionnelle ou transitoire" et ne pouvait jusqu'à présent être prescrit que pour quatre semaines maximum.

L'ordonnance sécurisée, qu'est-ce que c'est ?

C'est donc désormais acté, à partir du 10 avril 2017, les médecins seront contraints de ne prescrire ce somnifère que via une ordonnance sécurisée. Concrètement, ce type d'ordonnance exige un filigrane pour empêcher les photocopies et impose d'écrire "en toutes lettres" le nombre de comprimés et de prises prescrits. Nombre qui doit d'ailleurs être confirmé par un encadré situé en bas à droite de l'ordonnance. Toujours dans le cadre d'un encadrement plus restrictif, une nouvelle ordonnance ne pourra pas être délivrée pendant la période déjà couverte par une précédente, sauf mention expresse du médecin.  

Notez que la disposition appliquée aux stupéfiants selon laquelle le patient doit apporter son ordonnance en pharmacie dans les trois jours qui suivent la prescription pour obtenir le traitement complet ne sera pas appliquée. "On ne met pas le zolpidem (nom international du Stilnox, ndlr) sur la liste des stupéfiants, mais on lui applique une partie de la réglementation" appliquée aux médicaments stupéfiants, a expliqué Nathalie Richard, directrice adjointe du pôle de l'ANSM qui s'occupe notamment des médicaments stupéfiants et psychotropes. 

Pharmacodépendance, "drogue du violeur"...

À la suite de deux enquêtes menées depuis 1993 sur le zolpidem, l'ANSM a mis en évidence des cas de pharmacodépendance "chez des utilisateurs chroniques dans une utilisation thérapeutique, mais à doses élevées", "chez des patients qui l'utilisent dans le cadre d'un mésusage ou d'un abus", à la recherche d'un effet autre que somnifère. L'agence a également relevé des utilisations du zolpidem dans un but de soumission chimique, comprenez la "drogue du violeur". 

Le zolpidem est commercialisé en France depuis 1987 par Sanofi-Aventis, sous la marque Stilnox. Les versions génériques existent depuis 2004 et représentent 60% à 70% du marché, via une quinzaine de laboratoires.