Soucieuse d’améliorer sa ponctualité, Ryanair a annoncé vendredi 15 septembre la suppression de 40 à 50 vols par jour pendant six semaines jusqu'à fin octobre. Une décision qui a déclenché le courroux des clients de la compagnie à bas coût. Pour calmer le jeu et pallier ces suppressions, le groupe irlandais va proposer à ses pilotes une prime exceptionnelle de 12.000 euros afin qu'ils renoncent à dix jours de congés. Les co-pilotes auront droit quant à eux à une compensation de 6.000 euros.
Ce bonus n'est pas sans contrepartie. Les pilotes et co-pilotes s'engagent à rester sous contrat jusqu'en octobre 2018. La compagnie espère enrayer l'hémorragie se traduisant par 700 départs depuis le début de l'année.
Après les voyageurs, ce sont donc les pilotes et co-pilotes qui sont scandalisés. S'ils trouvent cette proposition indécente, certains salariés ne sont pas étonnés, à l'image de Matthieu*, qui a observé une dégradation des conditions de travail dans la compagnie pour laquelle il a travaillé pendant plus de cinq ans avant de démissionner il y a quelques mois. Il dénonce sur RTL des manquements graves et ne s'étonne pas non plus de voir les pilotes fuir vers d'autres compagnies.
Ma compagnie joue avec la sécurité
Matthieu, ancien pilote chez Ryanair
"On introduit des mesures de monitoring des pilotes qui poussent les pilotes à jouer avec la sécurité en [les] forçant à emporter moins de carburant ou garder le train d'atterrissage rentré jusqu'au plus tard possible avant de se poser", s'outre Matthieu, selon qui ces pratiques conduisent à "des approches instables [qui] sont une cause essentielle d'accidents. J'ai refusé de le faire, j'ai reçu de nombreuses lettres et menaces directes".
"On m'a forcé de dépasser les temps légaux de travail de deux heures sous peine de perdre ma base de travail et d'être envoyé dans une base qui me plairait moins", poursuit-il, persuadé que la compagnie "joue avec la sécurité et que ça se traduira par un accident un jour ou un autre". Avec 350 appareils et 1.500 vols par jour, c'est une question de temps.
François*, pilote d'Easyjet qui souhaite garder l'anonymat, voit arriver dans sa compagnie des ex-Ryanair. Ils sont traumatisés : "L'employé doit se débrouiller pour prendre sa chambre d'hôtel, se payer son uniforme pour travailler. Ryanair fait payer ses salariés pour qu'ils se forment eux-mêmes et soient embauchés. (...) De nombreux pilotes quittent le navire. Ils qualifient tous le patron de Ryanair de voyou social. Il y a une pression vraiment terrible, dans cette entreprise".
* Les prénoms ont été modifiés
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