L'idée d'un revenu universel parvient peu à peu à se faire une place dans les débats qui agitent la société. Cela consisterait à garantir à chacun des Français un revenu minimum. Un dispositif que le département de la Gironde s'apprête à tester. Gaspard Keonig, philosophe et président du think tank Génération Libre, voit dans le revenu universel un moyen "d'éradiquer la grande pauvreté" : "Plus personne sur notre territoire ne pourra avoir un petit panneau avec marqué 'J'ai faim' parce que tout le monde aura une allocation, pas forcément très élevée mais qui permettra de couvrir la subsistance de base".
Gaspard Koenig reproche au système actuel des minimas sociaux que certains en seraient exclus alors que d'autres en profiteraient trop : "Le revenu universel permettrait à chacun de façon égalitaire, sans discrimination, d'avoir le minimum pour survivre", avance le philosophe.
Il faut savoir de quoi on parle
Anne Eydoux, économiste
Mais à la vision philosophique vient se heurter l'aspect économique. "C'est une idée intéressante parce qu'on a beaucoup entendu parler du cancer de l'assistanat", estime Anne Eydoux, économiste et membre de conférence au CNAM. En revanche, la question qui se pose, selon elle, est la forme sous laquelle le revenu universel pourrait être appliquée : "Il faut savoir de quoi on parle. À droite, on planche sur une allocation versée à tous mais d'un revenu très faible. Cela ne représente aucun progrès par rapport aux minimas sociaux. On a à faire à une réforme inégalitaire", tranche Anne Eydoux. Et à gauche ? "La gauche prévoit, elle, un revenu universel d'un montant élevé mais là, ça représente des montants tels que ça supposerait un redéploiement de l'ensemble de la protection sociale, ce qui pourrait menacer notre modèle".
Un système qui sera beaucoup plus digne
Gaspard Koenig, philosophe
Certains critiquent le fait que le revenu universel pourrait inciter à ne pas travailler. Pour Anne Eydoux, ce n'est pas la réalité : "On est sur un mythe, qui est celui de la théorie économique standard, selon lequel les gens auraient une préférence pour le loisir alors que les enquêtes montrent que pour les Français, l'emploi est un élément central du bonheur et d'autant plus lorsqu'on en est privé". Une vision que partage Gaspard Koenig qui fait état de nombreuses expérimentations dans le monde qui monteraient qu'il n'y aurait pas d'effet dissuasif au travail : "La beauté de ce système fait que le travail paye toujours. Ce n'est pas un système qui va donner plus d'argent mais c'est un système qui sera beaucoup plus digne".