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REPORTAGE - "Si ça s'arrête de monter, j'ai un petit espoir" : à Saintes, les inondations n'en finissent pas
Les Charentes-Maritimes sont fortement touchées par les crues ces derniers jours. Les habitants de Saintes tentent de s'organiser, alors que le pic n'est pas attendu avant dimanche.
La Charente en crue à Saintes (illustration).
Crédit : MEHDI FEDOUACH / AFP
Face aux crues qui ont touché la Charente-Maritime, la prison de Saintes a évacué par précaution 142 détenus le jeudi 14 décembre. Certains habitants ont, eux aussi, été touchés par ces inondations, provoquées par la montée de la rivière Charente, et ont dû évacuer. Notre reporter, qui s'est rendu sur place, a ainsi dû prendre une barque pour accéder à une rue située tout près de la gare de Saintes. L'eau est montée à 80 cm ce vendredi 15 décembre, voire un mètre par endroits. Des morceaux de bois posés sur des parpaings ont été installés pour permettre aux habitants de circuler à pied.
Christiane, une habitante, a ouvert sa fenêtre pour témoigner. "C'est compliqué, je n'ai pas d'équilibre du tout. Je ne me vois pas du tout passer sur les planches donc j'espère pouvoir rester dans la maison et ne pas être obligée de partir. J'ai suffisamment de victuailles pour tenir jusqu'à dimanche", assure-t-elle. "Si ça s'arrête de monter dimanche, j'ai un petit espoir", confie Christiane.
Geneviève, une autre habitante de Saintes qui réside un peu plus loin, a elle d'ores et déjà bouclé ses valises. Avant de partir, elle prend du ruban adhésif pour protéger les prises électriques. "On part dans la famille, c'est Noël. Ils m'ont dit qu'il y aura de l'eau dans la maison de toute façon, que je ne pouvais pas rester", raconte-t-elle. Ce vendredi matin, une dizaine d'habitants de cette rue près de la gare de Saintes ont décidé de quitter leurs maisons. Une vingtaine d'habitations sont toujours occupées pour le moment.
"On est les derniers à prendre l'eau"
Mais alors qu'il ne pleut plus, la montée des eaux se poursuit dans la ville. Autre étrangeté : le temps est magnifique vendredi matin à Saintes, avec un grand soleil et pas le moindre nuage. "On dépend de certains affluents. Il y a plein de petites rivières au-dessus de la ville. Tout ce qui tombe au-dessus de Cognac et d'Angoulême, on le rattrape 24h ou 48h plus tard. On est les derniers à prendre l'eau et l'eau monte toujours", explique Thierry Peralta, un employé municipal. "Maintenant, on est sur environ 300 maisons impactées dans la journée. On pourrait avoir jusqu'à 600 maisons touchées", détaille Bruno Drapron, maire de Saintes (Horizons). L'élu précise que ces personnes se relogent "souvent" par leurs propres moyens, ou dans des hôtels avec les assurances.
Le département est classé en vigilance orange crues jusqu'à samedi soir minuit par Météo France. Le pic de la crue de la Charente est, lui, attendu pour dimanche après-midi. Le spectre de la grande inondation dévastatrice des années 1980 semble toutefois écarté, quand les deux tiers de la ville avaient été totalement inondés. Le président François Mitterrand était alors venu apporter son soutien aux habitants, dans une barque en décembre 1982.
