Les surveillants pénitentiaires ont décidé de faire entendre leur colère et leur lassitude. Depuis plusieurs jours, les gardiens de prison sont sur le qui-vive. Jeudi 6 avril, six surveillants de Fleury-Mérogis ont été blessés après avoir été pris dans une bagarre avec plusieurs détenus mineurs. Alors qu'une altercation a éclaté entre deux détenus avant une promenade, les surveillants alentour sont intervenus pour les maîtriser avant que six autres mineurs ne plongent dans la mêlée, ont rapporté des syndicalistes de la prison.
Au total six surveillants sont partis aux urgences. Une agression qui a provoqué une véritable montée du mécontentement de ces professionnels. Depuis lundi 10 avril, ils se relaient dans différentes maisons d'arrêt pour protester. Après Fleury-Mérogis, où près de 350 surveillants ont manifesté devant la plus grande prison d'Europe lundi soir, c'est la maison d'arrêt de Villepinte qui a été bloquée ce jeudi 13 avril par une soixantaine de manifestants.
Les surveillants pénitentiaires veulent alerter les autorités, mais aussi l'opinion publique, sur leur travail. Les pancartes affichées à Villepinte témoignent bien des revendications actuelles : "Ma prison va craquer, 200% surpopulation" ou encore "Surveillants tabassés en toute impunité, c'est notre réalité". Les gardiens de prison dénoncent la surpopulation carcérale et leurs conditions de travail jugées "dégradantes".
C'est dorénavant un véritable "appel au secours", lancé par ces professionnels. "On n'en démordra pas tant qu'on nous présentera pas un vrai plan d'action pour désengorger la prison et renforcer le nombre de personnels", expliquait notamment Erwan Saoudi, délégué FO. Cette problématique n'est pas nouvelle. Fin mars, la directrice de la maison d'arrêt de Villepinte avait déjà annoncé qu'elle n'accueillerait pas de nouveaux détenus alors que le taux d'occupation atteignait les 201%. Un triste record pour cette maison d'arrêt.
La directrice de la maison d'arrêt de Villepinte avait annoncé fin mars qu'elle n'accueillerait pas de nouveaux détenus. Depuis, le taux a légèrement baissé, avec 1.080 détenus dans une prison conçue pour en accueillir 587. Le constat est similaire à Fleury-Mérogis, actuellement remplie à 180% de sa capacité. Elle accueille plus de 4.200 détenus alors que près de 150 postes de fonctionnaires sont vacants.
Les manifestants ont reçu ce jeudi la visite de Nicolas Dupont-Aignan. Le leader de Debout la France a fustigé la "politique pénitentiaire délirante" de la France. "Certains détenus ont la clé de leur cellule, c'est ahurissant", a-t-il illustré, citant le programme Respecto, mis en place à Villepinte pour favoriser la réinsertion. Pour faire face à cela, le candidat à la présidentielle prône la création de 40.000 places de prison et propose également de développer les travaux d'intérêt général comme peines alternatives à la prison.
Une création de places de prison prônée par différents candidats comme Marine Le Pen (40.000 places), François Fillon (16.000 places), Emmanuel Macron (15.000 places) et Jacques Cheminade (10.000 places). Une idée écartée par Benoît Hamon, qui veut avant tout préparer la réinsertion et prévenir la récidive afin de limiter au maximum les retours en prison.
En plus de cela, certains évoquent également la mise en place de peines alternatives afin de lutter contre la surpopulation carcérale. C'est le cas de Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon ou encore Philippe Poutou.
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