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Pourquoi les policiers manifestent-ils leur colère ?

ÉCLAIRAGE - Des centaines de policiers expriment leur colère contre leur hiérarchie et l'État pour dénoncer un manque de moyens et les agressions dont ils sont victimes.

Des effectifs de police à Marseille lors d'une manifestation, le 19 octobre 2016
Des effectifs de police à Marseille lors d'une manifestation, le 19 octobre 2016
Crédit : BORIS HORVAT / AFP
Julien Absalon & AFP

La police se rebelle. Les membres des forces de l'ordre ont pris de court leur hiérarchie et le gouvernement en réalisant une première manifestation surprise sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris pour exprimer leur "ras-le-bol général", mardi 18 octobre. En colère, des centaines de fonctionnaires ont poursuivi leur mouvement la nuit suivante dans plusieurs villes de France, notamment à Évry, Marseille et Nice.

Dans l'Essonne, le rassemblement s'est même transformé en immense bronca de Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale, venu à la rencontre des policiers pour faire part de son soutien mais aussi de sa fermeté vis-à-vis du devoir de réserve. "Je peux comprendre l'exaspération, les craintes et les angoisses", a-t-il déclaré même s'il a confirmé l'ouverture d'une enquête auprès de l'Inspection générale de la police nationale, la police des polices.
Après ces deux nuits de manifestations, une "marche de la colère" programmée le 26 octobre et une fronde qui menace de s'étendre, le gouvernement tente de calmer le ras-le-bol des policiers. François Hollande a réaffirmé son "soutien" aux policiers, et appelé au "dialogue" avec les syndicats policiers.

L'étincelle Viry-Châtillon

L'expression de ce ras-le-bol des policiers a directement un lien après l'agression de policiers à Viry-Châtillon (Essonne), survenue le 8 octobre. Deux fonctionnaires ont été grièvement brûlés par une attaque aux cocktails Molotov, lors d'une mission de surveillance à proximité d'un feu rouge de la cité difficile de la Grande Borne.

Des centaines de policiers se sont ainsi réunis lundi 17 et mardi 18 octobre devant l'hôpital parisien où était toujours hospitalisé l'un des deux policiers, un adjoint de sécurité de 28 ans, gravement touché aux mains et au visage. "C'était un rassemblement de soutien à des collègues qui sont gravement touchés dans leur corps et dans leur âme, il faut bien comprendre ça", insiste un policier au micro de RTL. Les manifestants ont été appelés à rejoindre l'hôpital par un SMS qui a commencé à circuler lundi après-midi. "J'ai reçu un SMS de collègues disant 'on va soutenir notre collègue'. Il faut comprendre qu'on a besoin de se sentir épaulé, de se sentir soutenu. On s'est réuni et franchement ça fait énormément de bien", ajoute ce même policier.

Plus de moyens et de considération

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Quelques jours après la violente agression de Viry-Châtillon, les policiers ont aussi été marqués par le guet-apens de collègues dans un quartier sensible de Mantes-la-Jolie (Yvelines). "Nos collègues n’ont pas tiré quand ils ont été attaqués et le ministre de l’Intérieur les a félicités pour leur sang-froid... En fait, pour notre administration mieux vaut un policier mort qu’un délinquant blessé", estime un manifestant qui résume le sentiment d'abandon et de désintérêt qu'éprouvent les forces de l'ordre. "Face à une hiérarchie carriériste, des élites syndicales enlisées dans leurs conflits, et une justice complètement désintéressée par notre sort, nous devons nous souder", expliquent les manifestants.

La grogne des policiers vise également à réclamer des renforts et plus de moyens. Ils réclament en particulier une "réponse pénale aux agressions et à la violence dont ils sont victimes", indique le secrétaire général d'Alliance, Jean-Claude Delage.

Effectifs fatigués et mis à l'épreuve

Depuis la mise en place de l'état d'urgence, à l'instar de l'armée, les policiers sont extrêmement sollicités pour la mise en place du plan Vigipirate et épauler les militaires qui assurent l'opération Sentinelle. "Nous sommes à bout", pouvait-on entendre dans les manifestations.

En plus ces missions de terrain éprouvantes dans le cadre de l'état d'urgence, les policiers ont aussi dû faire face à un premier semestre marqué par les manifestations contre la loi-Travail, durant lesquelles de nombreux incidents ont éclaté entre les forces de l'ordre et les manifestants. Mi-septembre, Bernard Cazeneuve annonçait ainsi un bilan de 620 policiers et gendarmes blessés depuis le début du mouvement contre la réforme du code du travail. Et avec les accusations de violences policières, les effectifs doivent aussi faire face à une défiance croissante contre l'institution.

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