La guerre a commencé en 2015. Le 18 août de cette année-là, l'interdiction des sacs en plastique à usage unique est entrée en vigueur en France, sur l'idée initiale de Ségolène Royal. La pollution de l'environnement par le plastique est devenue l'objet d'une véritable lutte mondiale, avec en tête les associations et les scientifiques.
Malgré les quelques efforts opérés par les enseignes commerciales (telles que Leclerc, McDonald's ou Franprix), les associations restent fortement mobilisées et dénoncent la société du "tout plastique". Une ONG hollandaise a envoyé, mercredi 12 septembre, le navire Ocean Cleanup dans l'océan Pacifique, pour nettoyer le tristement célèbre continent de plastique, qui fait aujourd'hui trois fois la taille de la France. Le gouvernement a donc pris les choses en main : plusieurs objets sont voués à disparaître dans les prochaines années, et certains autres sont déjà sur la sellette.
La loi Agriculture, discutée au mois de juillet par les députés et sénateurs, prévoit trois dispositions interdisant ou restreignant l'usage du plastique dans les secteurs cosmétique et alimentaire.
Après les micro-billes de plastique dans les produits cosmétiques, interdits par la loi Biodiversité entrée en vigueur au 1er janvier 2018, les cotons-tiges avec bâtonnet en plastique, et hors médical, seront interdits d'ici 2020.
Si la loi Agriculture est votée, les pailles et les touillettes en plastique seront également amenés à disparaître. Cette interdiction toucherait la restauration, la vente à emporter, les cantines et les commerces alimentaires.
Autre interdiction qui pourrait voir le jour à compter de 2020 : les bouteilles en plastique dans les cantines scolaires. Cette interdiction ne serait néanmoins pas valable pour les collectivités non desservies par de l'eau potable, ou lors des sorties scolaires.
Elle fait d'ailleurs encore l'objet de nombreux débats, parfois au sein même des familles politiques. Ainsi, un amendement LR demande l'extension de l'interdiction des bouteilles en plastique à toutes les cantines, pas uniquement scolaires, alors que dans sa proposition de loi déposée le 25 juillet à l'Assemblée nationale, le député LR des Yvelines Michel Vialey propose la suppression totale des bouteilles en plastique au profit du verre.
L'abolition des barquettes en plastique est aussi prévue par le projet de loi qui permettra, aux collectivités locales qui le souhaitent, de lancer une expérimentation de 3 ans sur l'interdiction "des contenants alimentaires de cuisson, de réchauffe et de service en plastique". Cela concernerait la restauration collective, les établissements scolaires, les cantines universitaires, les hôpitaux, les maisons de retraite et les services à domicile.
Par ailleurs, certaines villes n'ont pas attendu la loi pour agir. Ainsi, Strasbourg et Montpellier par exemple, se sont déjà engagées dans la disparition des barquettes et contenants en plastique dans la restauration scolaire.
L'interdiction pourrait également être élargie aux couverts, gobelets jetables et plateaux en plastique. C'est un des amendements du projet de loi qui le prévoit. Présenté par la députée LREM des Hauts-de-Seine Laurianne Rossi, l'amendement a été co-signé par 123 autres députés et a notamment pour objectif la lutte contre les perturbateurs endocriniens.
Il prévoit d'atteindre 50% de vaisselle jetable en matière compostable en 2020, et 60% en 2025. À partir de cette date, seule la vaisselle jetable composée de matière compostable en compostage domestique, et constituée au moins en partie de matières biosourcées, pourra être vendue ou distribuée.
Avant les entrées en vigueur de certaines de ces dispositions en 2020, l'État laisse du temps pour réfléchir aux nombreuses adaptations nécessaires en termes d'organisation de lavage et de stockage des aliments. La porcelaine et le verre pourraient difficilement remplacer le plastique, car ils sont trop lourds et trop fragiles, et donc inadaptés au transport. La question d'un matériau plus écologique se pose encore.
De nombreuses initiatives citoyennes émergent de part et d'autre pour trouver des solutions anti-plastiques. Ainsi, des scientifiques planchent sur une enzyme capable de désagréger la matière plastique. L'acteur Samuel Le Bihan, invité de RTL le 11 septembre dernier, a dévoilé sa machine qui transforme le plastique en carburant.
En juillet dernier, le secrétariat d'État à la Transition écologique et solidaire a également lancé une "mission Océans" chargée de réfléchir à une solution concernant tous les autres objets en plastique non prévus dans le projet de loi.