C'est sans doute l'un des procès les plus attendus de ce début d'année. Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, doit comparaître devant la justice des hommes, accusé de lui avoir caché le passé pédophile du prêtre Bernard Preynat des années 1970 à 1991, dans la paroisse de Sainte-Foy-lès-Lyon.
Le scandale lyonnais a éclaté en 2015 avec la mise en cause du père Preynat pour des abus commis un quart de siècle plus tôt, sur de jeunes scouts du groupe St Luc, dans la banlieue lyonnaise, qui ont depuis créé l'association La Parole Libérée. Parce qu'il était au courant de ces agissements anciens, des victimes ont aussi porté plainte contre Mgr Barbarin, estimant qu'il aurait dû lui-même dénoncer le prêtre à la justice. Après six mois d'enquête et dix heures d'interrogatoire du cardinal par la police, le parquet de Lyon avait classé l'affaire sans suite à l'été 2016.
Cependant, des plaignants ont lancé depuis une procédure de citation directe devant le tribunal. "On espère arriver cette fois à une décision qui sera claire et évidente pour tout le monde", affirme l'un d'eux, François Devaux, cofondateur de l'association la Parole libérée, à l'origine des révélations. Le 3 septembre dernier, le tribunal correctionnel de Lyon avait confirmé que le procès ouvrirait ses portes ce lundi 7 janvier.
L'objectif de l'association La Parole libérée "est que demain, on ne remette pas au contact d'enfants des gens qui sont des déviants sexuels", assure M. Devaux, selon lequel "le combat judiciaire est venu après".
Outre le cardinal Barbarin, cinq anciens membres du diocèse, dont l'archevêque d'Auch et l'évêque de Nevers, sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Lyon jusqu'à mercredi. Le cardinal espagnol Luis Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation de la Foi à Rome, était aussi poursuivi mais le Vatican a opposé son immunité. Les plaignants l'accusaient de complicité dans le cadre d'une omerta institutionnelle: "tous ont su et n'ont pas dénoncé".
Au plus fort du scandale, Mgr Barbarin a reconnu des erreurs et demandé pardon aux victimes de prêtres. A l'approche du procès, il semble se défausser sur les consignes reçues du Vatican en 2015. "J'ai mis en oeuvre ce qui m'avait été dit par Rome, après tout le monde est tombé sur moi", a-t-il déclaré en marge de la dernière assemblée des évêques à Lourdes en novembre dernier, interrogé par Radio Notre-Dame.
Le prélat de 68 ans, en poste à Lyon depuis 2002, incarne en France la crise d'une Église confrontée partout aux déviances des uns et aux silences des autres, que le pape François appelle à rompre tout en soutenant le primat des Gaules quand d'autres réclament sa démission.
Un silence comme source d'inspiration du prochain film de François Ozon qui dénonce le silence de l'Eglise face aux agressions sexuelles subies par des enfants, dont la sortie en salle est prévue le 20 février 2019. Le titre - "Grâce à Dieu" - renvoie à une formule polémique de Mgr Barbarin sur la prescription des faits.
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