Près de 200 personnes se sont rassemblées ce lundi 8 juin à Paris pour demander à l'entreprise Frichti de permettre aux livreurs sans-papiers qui ont travaillé pour elle d'obtenir leur régularisation.
Maliens, Sénégalais ou Ivoiriens, environ 200 livreurs, dont beaucoup portaient des gilets jaunes de l'entreprise Frichti, se sont regroupés en milieu de journée devant l'un des "hubs" de la société de livraison de repas d'où sortent les commandes, dans le Ier arrondissement de Paris.
Moussa Fofana, 28 ans, est l'un d'eux. "Frichti nous a remerciés la semaine dernière" en annonçant des contrôles d'identité à l'entrée de ses locaux, explique le jeune homme, livreur pour l'entreprise depuis deux ans. "Comme ils nous demandent des papiers, ils n'ont qu'à nous aider à nous régulariser", lance-t-il. "Après le confinement, Frichti n'a plus besoin de nous et nous jette dehors", affirme amèrement Ibrahim Keita, qui se présente comme le porte-parole des livreurs.
On est fatigué d'être exploité par Frichti
Pancarte d'un livreur manifestant sa colère ce lundi 8 juin.
Autour d'eux, d'autres jeunes hommes brandissent des banderoles. Elles appellent à la "régularisation pour tous les livreurs Frichti" et affirment "Nous sommes des salariés non déclarés". "On est fatigué d'être exploité par Frichti", dénonce également une pancarte.
L'avocat Kevin Mention, qui accompagne ces livreurs sans papiers, les a encouragés à demander à Frichti un contrat de travail pour pouvoir ensuite être régularisés, alors que beaucoup d'entre eux sont auto-entrepreneurs et donc considérés par Frichti comme prestataires de service et non comme salariés.
Jérôme Pimot, porte-parole du collectif de livreurs à vélo parisiens Clap, a déploré le recours à "de faux auto-entrepreneurs" et le "recrutement volontaire de livreurs sans-papiers de la part de Frichti". Selon lui, 200 à 250 livreurs Frichti sont sans-papiers.
"C'est la première fois en France que les livreurs sans papiers s'organisent collectivement et à ce titre, c'est historique", a estimé Marilyne Poulain, responsable de la question de l'immigration à la CGT, en s'adressant aux "plus précaires parmi les plus précaires". "Aujourd'hui, la régularisation pour les auto-entrepreneurs n'est pas forcément prévue dans la loi", a-t-elle souligné, en saluant ces livreurs "en première ligne pendant le confinement".
Sollicitée par l'AFP, la direction de Frichti, entreprise française créée en 2015, a indiqué avoir travaillé avec 600 livreurs depuis le début de l'année. "Un contrôle mis en oeuvre au début du mois de juin 2020 a fait apparaître que certains partenaires n'étaient plus en capacité de nous présenter une situation régulière", affirme la société dans un communiqué, en évoquant des irrégularités pour une "proportion très réduite des auto-entrepreneurs effectuant des activités de livraison pour Frichti".
Frichti explique avoir été contrainte "de cesser de collaborer" avec les livreurs qui n'étaient pas en règle "le temps pour eux de régulariser leur situation", et dit leur proposer "un accompagnement au cas par cas dans leurs démarches administratives".
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