"On nous dit que ça ne fait pas sérieux" : les accents sont-ils en voie de disparition ?

Les accents constituent une partie du patrimoine régional et pourtant ils sont en train de disparaître. C’est ce que pensent 55% des Français dans une récente enquête menée par la plateforme d’apprentissage des langues Preply et l’institut de sondage Censuswide. En région Paca, ce chiffre monte à 62%, Hugo Amelin, correspondant de RTL à Marseille, s'est rendu auprès des locaux pour recueillir leur avis. 

Nombreux sont contraints de mettre leur accent de côté en arrivant en région parisienne. C’est le cas d’Hakim, jeune acteur originaire de la cité phocéenne : "à Marseille c’était parfait, mais quand j’ai commencé à aller sur Paris, on m’a demandé de le gommer. Si on est tous dans le même moule, qu’on parle tous parei,l bon, il faut se démarquer. Notre accent, je trouve que c’est une force".

D’autres, comme Nadine, assument pleinement leur accent régional malgré des années passées dans la capitale : "Je ne suis absolument pas discriminée, au contraire. On m’a même dit récemment que mon accent revendiquait mes origines, que je le défendais sans m’en rendre compte". 

Pour Médéric Gasquet-Cyrus, linguiste et maître de conférences à l’Université d’Aix-Marseille, les clichés sur les accents du sud ont la vie dure : "on les trouve chantants, sympas, on entend le soleil dans la voix, ça rappelle le pastis et la pétanque. Mais quand on arrive à des fonctions importantes, où la parole compte, tout de suite, on va dire que ça ne fait pas sérieux. C’est une forme de discrimination".

La jeunesse parle plus “neutre”

D’après l’étude, les jeunes générations grandissent dans un environnement linguistique plus connecté et normalisé. Télévision, streaming, réseaux sociaux et mobilité professionnelle participent à l’uniformisation de la prononciation.

"Dans les espaces numériques, les repères géographiques s’effacent : on parle pour être compris de tous, avec un accent souvent perçu comme neutre ou standardisé", précise Preply.

À l’inverse, les générations plus âgées conservent davantage leurs marqueurs régionaux. Pour elles, l’accent garde une valeur affective et identitaire : "il renvoie à l’enfance, à la famille, aux racines. La perte de ces sonorités peut être vécue comme un appauvrissement du lien social", peut-on lire sur cette même étude.