Nouvelle-Calédonie : hommage croisé de Hollande aux faiseurs de paix Lafleur et Tjibaou
François Hollande a rendu hommage à deux hommes clés de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, un symbole fort.
François Hollande a rendu ce lundi un hommage hautement symbolique et croisé en Nouvelle Calédonie aux signataires, en 1988, des accords de Matignon, le "caldoche" Jacques Lafleur, et l'indépendantiste Jean-Marie Tjibaou, allant se recueillir sur leurs tombes.
Le chef de l'Etat a entamé son périple sur le Caillou, où il était arrivé la veille au soir en provenance du G20 de Brisbane, par ces hommages qu'aucun autre président de la République n'avait rendus avant lui. Aux premières heures de la matinée, il s'est d'abord rendu dans un cimetière de Nouméa pour y déposer une gerbe sur la tombe de Jacques Lafleur, ancien député loyaliste décédé en 2010 et dont il a salué la "sagesse".
Symbole
Symbole de la réconciliation engagée par les accords de Matignon qui avaient mis fin à des années de violences parfois sanglantes : Marie-Claude Tjibaou, veuve de Jean-Marie Tjibaou, et Isabelle Lafleur, fille de Jacques Lafleur, entouraient le chef de l'Etat. "Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou ont fait un acte qui a changé le cours de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie. (...) Ils ont su dépasser toutes les contraintes pour aller vers l'essentiel", a-t-il souligné.
Ma présence ici permet de se rappeler ce qui s'est produit
François Hollande
Puis il s'est rendu en hélicoptère dans la Province nord, sur la commune de Hienghène, pour se recueillir cette fois sur la tombe de Jean-Marie Tjibaou, toujours en compagnie de sa veuve et d'Isabelle Lafleur. Comme le veut la "coutume", François Hollande y a été accueilli par le "grand chef" et le "petit chef" de la tribu de Tiendanite, Vianney Tjibaou, frère de Jean-Marie Tjibaou devant une grande case à toit de paille surmontée d'une flèche faitière, sorte de totem.
"Les Calédoniens y voient un signal fort de la part du chef de l'Etat"
Emmanuel Tjibaou, fils de l'ancien leader indépendantiste, a souligné que la tribu hissait "pour la première fois depuis 1917" le drapeau tricolore français aux côtés du drapeau kanak, y voyant "le signe que l'on se reconnaît" et le "signe du respect entre les hommes". Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, "se sont levés et ont décidé de se serrer la main après les drames qu'ils avaient vécus et, aujourd'hui, ce sont nos coeurs qui se serrent", a répondu le chef de l'Etat, saluant de nouveau la mémoire d'"hommes de coeur, de bien et de raison".
Le président de la République s'est alors longuement recueilli sur la tombe de Jean-Marie Tjibaou. Puis il a gravi la colline voisine pour se recueillir cette fois devant l'impressionnant alignement de tombes fleuries des dix membres de la tribu tombés dans une embuscade tendue par des "caldoches" le 5 décembre 1984. Parmi eux figuraient deux autres frères de Jean-Marie Tjibaou. "Ma présence ici permet de se rappeler ce qui s'est produit" et "aux vivants ne ne pas reproduire les drames du passé", a-t-il encore souligné. "Les Calédoniens y voient un signal fort de la part du chef de l'Etat", a déclaré pour sa part à l'AFP Isabelle Lafleur.
