Nord : un mur "anti-Roms" à la frontière franco-belge
La ville belge de Mouscron aurait demandé au maire de Wattrelos d'ériger une palissade devant un camp de gens du voyage pour "protéger la quiétude" des riverains wallons.

La polémique gagne bien au-delà du Nord de la France. La construction d'un mur "anti-gens du voyage" à la frontière franco-belge a viré au scandale ce mardi 19 mai, le Défenseur des droits Jacques Toubon et son homologue belge réclamant l'abandon de ce projet "illégal et contraire à la dignité humaine".
La presse belge a révélé ce week-end que la commune française de Wattrelos (Nord) prévoyait de construire, d'ici juillet, une nouvelle aire pouvant accueillir quelque 24 caravanes de gens du voyage. Ce plan prévoit de déplacer de quelques dizaines de mètres, en direction de la Belgique toute proche, un camp où s'est établie une communauté de gens du voyage sédentarisée il y a une quinzaine d'années.
Surtout, le projet prévoit l'érection d'un mur de 2,4 mètres de haut pour séparer les caravanes des jardins des habitations de la ville belge de Mouscron, de l'autre côté de la frontière.
Volte-face du maire belge
Selon le député-maire socialiste de Wattrelos Dominique Baert, le projet de mur a été ajouté à la demande expresse de son homologue mouscronnois, le centriste Alfred Gadenne. "Il a été acté que du côté des habitations (belges), on mettrait un mur en béton de 30 mètres de manière à assurer la sécurité, la quiétude environnementale visuelle des uns et des autres", a expliqué à l'AFP l'élu. Selon la presse, les riverains belges se plaignent "d'ordures déposés n'importe où".
Le bourgmestre de Mouscron avait confirmé à la presse belge la demande de mur. Il avait précisé que "le but n'est pas de cacher ces gens, mais bien de mettre en place un dispositif plus sécurisant".
Pourtant, le maire belge a changé de version lundi. Sur la télévision publique RTBF, il a assuré n'avoir "rien demandé". "On n'aime pas ce mur, a-t-il assuré. Donc, à la limite, on préférait une haie à un mur".
Les gens du voyage n'y sont "pas opposés"
Mais, puisque le projet est "lancé on s'engage à le suivre et nous avons demandé que ces gens ne détiennent pas d'armes" et que soit mis en place "un comité de suivi", a-t-il affirmé en réunion de conseil municipal, cité par l'agence Belga.
Un responsable de la communauté des gens du voyage, Porado Demestr affirme de son côté qu'ils ne sont "pas opposés" au mur : "on se sentira encore un peu plus chez nous".
Un projet "illégal" et indigne
Toutefois Jacques Toubon, Défenseur des droits, et Jozef de Witte, directeur du Centre inter-fédéral pour l'égalité des chances en Belgique, ont réclamé mardi qu'il "soit mis fin immédiatement au projet illégal et contraire à la dignité humaine".
Dans un communiqué commun, ils reconnaissent le manque de terrains accueillant les gens du voyage dans les deux pays, et réclament "un encadrement adéquat (qui) permettrait précisément de répondre aux préoccupations légitimes des riverains, tout en garantissant les droits fondamentaux des gens du voyage".
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