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Moselle : quatre moutons inscrits dans une école pour sauver une classe
Le regroupement scolaire de Nitting-Voyer-Hermelange, près de Sarrebourg, pourrait perdre l'une de ses cinq classes à la prochaine rentrée. Pour compenser, les élus et les parents se mobilisent.
La cour de l'école avec les moutons.
Crédit : Loïc Firtion
Le courrier de l'inspection académique est arrivé début janvier en mairie de Voyer. "Je suis tombé de la chaise. Nous avons 94 élèves actuellement, il nous en manque 4 pour atteindre le seuil de 98 inscrits qui permettrait de sauver l'une des cinq classes de l'école", explique Bertrand Janson, premier magistrat de la commune. Une situation jugée "ubuesque" puisque, en 2021, cette cinquième classe avait été ouverte avec 90 élèves.
Devant la recherche veine de quatre nouveaux enfants à scolariser, la décision a été prise d'inscrire quatre moutons d'un agriculteur local, également parent d'élèves."Ils (l'inspection académique, NDLR) comptent nos enfants comme des moutons, donc nous sommes allés au bout de l'absurdité en inscrivant quatre moutons manquants pour avoir nos effectifs à la rentrée", plaide Élodie, maman de deux enfants inscrits, et vice-présidente de l'association locale des parents d'élèves.
"C'est nos nouveaux copains"
Lola, 4 ans, inscrite en moyenne section
Et les quatre ovins ont même passé quelques heures dans la cour de récréation la semaine dernière pour le plus grand plaisir des élèves. "C'est nos nouveaux copains pour pas que les classes ferment. C'est très bien!", dit Lola, 4 ans, dans un grand sourire. Une activité pédagogique était même prévue, mais l'inspection académique, prévenue par la direction de l'établissement, a ordonné de confiner les enfants dans les classes.
Les quatre moutons ont tous une identité : John Deere, Valériane Deschamps, Phil Tondus et Marguerite Duprès. Tous se sont vus attribuer des parents, une adresse et une date de naissance. "Ils ont été déclarés à l'Éducation nationale par le maire qui a transmis les dossiers", explique un autre parent d'élève.
"Les classes ont des effectifs bien suffisants. Si on ferme cette classe, on ne pourra pas pousser les murs. Alors, on fait quoi? On met des lits superposés ? C'est impensable", s'emporte un autre.
Affiche de contestation à Voyer
Crédit : Dimitri Rahmelow
Et partout dans les villages, des bâches et des affiches rappellent la mobilisation de tous les instants. "Nous avons fait de gros investissements", poursuit Bertrand Janson, maire de Voyer. "Et les trois villages ont des lotissements en cours de construction, mais ça n'influe pas sur les décisions des services académiques", regrette-t-il. En attendant une réaction de la tutelle, l'association des parents d'élèves a posté une vidéo en ligne, et elle réfléchit déjà à de prochaines actions. Les quatre moutons, quant à eux, ont - pour l'instant - regagné leur bergerie.
