Montasser Alde'emeh : "le focus des jeunes jihadistes est plus sur la lutte armée que sur les versets du Coran"

Partant du principe qu'on "parlait beaucoup des jihadistes mais pas suffisamment avec eux", le chercheur belge Montasser Alde'emeh a voulu comprendre comment les jeunes européens radicalisés se formaient en Syrie. Pour ce faire, en juillet 2014 il s'est rendu sur place pendant 15 jours et a vécu en immersion avec le groupe terroriste Front al-Nosra. 

Désormais victime de menaces de mort, le chercheur à l'université Nimègue, aux Pays-Bas, raconte avoir été pris en charge par ce groupe "concurrent" de Daesh à la frontière syrienne, qui l'a emmené en voiture à l'ouest d'Alep. "Ce qui m'a étonné d'entrée de jeu en arrivant, c'est la villa avec piscine, avec chambre à coucher et tout ce qu'il faut", y compris de la confiture, des chips ou encore des fruits, pour passer un séjour confortable. Il est persuadé que les jeunes partis faire le jihad bénéficient des mêmes conditions. 

Il ne s'agit pas de jeunes qui sont en lutte permanente, il s'agit de jeunes intégrés

Montasser Alde'emeh

Montasser Alde'emeh détaille par la suite le quotidien auquel il a pu assister. Une fois levés, les jihadistes se rendent à la base pour entamer les discussions avec les autres combattants, ensuite ils font un plongeon dans la piscine explique le chercheur. Puis ils se rendent à la mosquée, font les courses et de temps en temps, tous les trois jours, une fois par semaine, une fois par mois, ils se rendent sur les lignes de front poursuit-il, avant d'ajouter : "De temps en temps, on les envoie endoctriner la population locale". 

Quel est leur rapport avec l'Islam ? "L'islam n'existe pas, le musulman n'existe pas non plus" selon le Belge. "Le focus de ces jeunes est plus sur la lutte armée que sur les versets du Coran qui demandent aux musulmans d'être miséricordieux" assure-t-il.